Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
"L'art peut-il se passer de règles ?", la dissertation d'Ollivier Pourriol
Ollivier Pourriol : Bonjour ! Les sujets exacts sont : Série scientifique : L'art peut-il se passer de règles ? Dépend-il de nous d'être heureux ? ES : Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ? Le rôle de l'historien est-il de juger ? L : La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ? Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
Il faut choisir un sujet, parce que je crois qu'on ne va en faire qu'un.
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? Un sujet rédigé par un poète.
Percy : Je suggère le rôle de l'historien
Ollivier Pourriol : La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ? Dès que je lis le mot intéressant dans un sujet, ça ne me passionne pas. Au mieux ça m'intéresse. Donc je passe.
Le rôle de l'historien est-il de juger ? Non, je crois que c'est le rôle de Thierry Rolland. Je passe.
Qu'est-ce qui reste?
Flavien : Et ben dîtes donc, c'est pas facile tout cela !
Ollivier Pourriol : Dépend-il de nous d'être heureux ? Non, ça se saurait. Je passe.
L'art peut-il se passer de règles ? J'adore. Je prends.
Bon ben je commence alors. Ma technique : pas de plan, parce que je ne sais pas encore ce que je vais dire.
Morgan : Vous commencez par vous affranchir des règles ? Audacieux.
Ollivier Pourriol : Premièrement, petite analyse des termes du sujet. L'art sujet de la question, ça nous fait croire que c'est quelqu'un. L'art n'est fait que par des artistes, qui chacun inventent leurs règles. Ensuite, se passer de règles, on sent bien que le sujet nous dit que non, qu'il faut des règles, mais pour les dépasser, pas pour s'en passer. Sous-entendu : un artiste doit connaître avant d'inventer. Attendu, mais juste. Bon, on peut y aller.
Pierre :Vous avez laissé tomber un terme dans votre analyse... qu'est-ce qu'une règle ? et a fortiori, une règle, dans les arts (et quels arts, y a-t-il des arts sans règles, peut-il y en avoir ?)
Ollivier Pourriol : Bien vu, on s'en occupe.
Plonger dans l'inconnu, pour trouver du nouveau. Tel était le programme de Baudelaire. Eric Cantona, footballeur, y adhère pleinement, et dit avec ses pieds ce que Baudelaire faisait avec ses mots. Si l'artiste cherche à inventer du nouveau, il doit apparemment suivre pour seule règle la spontanéité. Mais cette règle en est-elle une véritablement ? Suivre sa propre règle, n'est-ce pas d'emblée oublier, mépriser ou passer au-dessus des règles, celles qui nous pré-existent?
Tigweg : Eric Cantona a-t-il bien sa place dans une dissert de philo?!
Ollivier Pourriol : Pourquoi pas ?
r4ph : Moi, je vote Cantona
Alexis : Je crois que c'était un pari de le placer dans l'intro
Axel : Vous avez raison, M. Pourriol : une accroche de qualité peut parler de Cantona ou même de Paris Hilton. Pour le moment, j'adhère !
Ollivier Pourriol : Pas de jeu sans règles. Pas de société sans règles. Les règles d'un jeu, comme celles d'une société, supposent un accord préalable, ou implicite, entre les joueurs, ou acteurs du jeu social. Les règles, ou lois résultant d'un contrat social, s'opposent donc aux lois de la nature, qui ne dépendent pas de nous, et auxquelles nous ne sommes pas libres de nous soumettre ou pas. La pesanteur, par exemple, ne nous laisse pas le choix : homme ou pierre ou ballon la subissent également. Mais aux règles d'un jeu, inventées par l'homme, nous sommes libres de nous soumettre ou pas. Nécessité du côté de la nature, liberté du côté de l'homme. Paradoxalement, on remarque donc que la règle suppose une liberté, capable de l'inventer et de la choisir, d'y obéir, plutôt que de la subir.
Eve : Quelle différence entre les règles, les normes et les codes ? Une mise au point ne s'impose-t-elle pas ?
Cyrille : Qui fait les règles ? Qui est légitime pour le faire ? Quelle est la sanction ?
CANTONA ET LE PARADOXE DU CRÉATEUR
Ollivier Pourriol : Après cette généralité, regardons-y d'un peu plus près. Si Cantona se considère comme un artiste sur un terrain de football, il doit cependant faire avec des règles qu'il n'a pas inventées lui, mais auxquelles il a implicitement accepté d'obéir à partir du moment où il entre sur le terrain, sous l'autorité d'un arbitre. L'arbitre est l'autorité légitime, qui n'a pas inventé les règles, mais qui a le pouvoir de les appliquer. Cantona est donc libre de suivre sa règle propre, on pourrait presque dire sa loi interne, à la condition que son comportement obéisse, s'inscrive dans des règles qui lui pré-existent. Tel est le paradoxe du créateur (en tout cas de celui-là, pour l'instant), qu'il ne peut inventer que dans un cadre qu'il n'a pas inventé.
Lorsque la loi propre entre en conflit avec les règles du jeu, lorsque, pour prendre un exemple au hasard, Cantona prend un carton rouge, lors d'un match entre son club de Manchester United et Crystal Palace en 1995, il ne discute pas. Il a commis une faute, il obéit à la règle, et quitte le terrain.