Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Chabrol : «Truffaut a eu l'idée d'À bout de souffle»
Par Marie-Noëlle Tranchant
24/06/2010 | Mise à jour : 12:06
À bout de souffle, première réalisation de Jean-Luc Godard, avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg.
INTERVIEW - Claude Chabrol se souvient du film de Godard, qui ressort en copie neuve.
Un voleur de voitures (Jean-Paul Belmondo) tue un motard sur la route de Marseille à Paris, se réfugie chez une jeune Américaine (Jean Seberg), qui est obligée de le dénoncer mais cherche à le prévenir. Trop tard!... C'était en 1959, À bout de souffle marquait les débuts de Jean-Luc Godard dans la mise en scène. Avec ce film haletant qui bousculait la grammaire habituelle du cinéma déferlait toute la folie de la nouvelle vague. À bout de souffle ressort cette semaine en copie restaurée. Claude Chabrol s'en souvient, alors qu'il est en train de préparer deux nouveaux films: un Boule de suif, d'après Maupassant, pour la télévision, avec Marilou Berry, et un Simenon pour le grand écran, L'Escalier de fer, où il retrouvera sa comédienne fétiche, Isabelle Huppert.
LE FIGARO. - Au générique d' À bout de souffle, vous êtes crédité comme «conseiller technique». Quel a été votre rôle?
Claude CHABROL. - Rien du tout! C'est de la rigolade! J'ai fait un gros plan en tout et pour tout. Truffaut, lui, est crédité comme scénariste, je crois, parce qu'au départ l'idée vient de lui. C'est lui qui a repéré l'histoire. Il m'a tendu un journal en disant: «Tu as vu ce fait divers?» On a commencé à travailler là-dessus, et puis on a buté sur un problème de scénario: comment le fugitif va-t-il retrouver son Américaine, dans Paris? Moi, je disais: par hasard, cela arrive de se rencontrer par hasard, à Paris. Mais Truffaut trouvait que c'était une facilité. On a laissé tomber. Là-dessus, Jean-Luc a dit: «Je reprends le bébé.» Et il a trouvé la solution: retrouver la fille par le New York Herald Tribune. Là, on s'est dit qu'il avait du génie.
Est-ce que vous considérez, comme on l'a dit, qu'À bout de souffle est le film le plus emblématique de la nouvelle vague?
C'est certainement, à ce moment-là, le plus radical. Mes deux premiers films, Le Beau Serge et Les Cousins, tout comme Les 400 Coups, de Truffaut, étaient des films à peu près raisonnables. À bout de souffle, c'est de la frénésie. Jean-Luc était obligé d'aller vite, et il a fait un film révolutionnaire techniquement. C'est une réussite parfaite, que ses imitateurs n'ont jamais pu égaler. Et la présence de Belmondo, épatante!
C'était déjà Georges de Beauregard qui le produisait.
Oui, on s'était connus deux ou trois ans plus tôt. Jean-Luc lui a proposé le sujet et Beauregard a trouvé deux distributeurs qui ont marché à condition qu'on nous mette au générique, Truffaut et moi. Comme nos premiers films nous avaient valu quelque notoriété, on encadrait ce débutant fou. C'est ça, le fin mot de l'affaire. Mais À bout de souffle doit tout, absolument tout, à Jean-Luc. Et ça a été un très gros succès.
Dans la distribution, on trouve aussi Jean-Pierre Melville.
Oui. Je ne sais plus si c'est lui ou Godard qui a trouvé la réplique: «Devenir immortel, et puis mourir!» Mais c'est assez godardien. Melville, on l'aimait bien, surtout à cause de Bob le Flambeur. Après, il s'est un peu «académisé». Et lui, il n'était pas fâché de montrer qu'il était un peu le parrain de tous ces jeunes gens.
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Par Marie-Noëlle Tranchant
Cinéma
http://www.liberation.fr/cinema/0101643563-cinema-a-bout-de-souffle-ses-bougies