Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le Panthéon en mal de restauration
Par Claire Bommelaer
23/06/2010 | Mise à jour : 18:33
Les parois du temple de la République, construit entre 1764 et 1790, se fissurent et pierre après pierre le bâtiment s'érode. (François Bouchon/Le Figaro)
Le monument est mal en point. Les travaux nécessaires sont évalués à 100 millions d'euros.
Le Panthéon, temple de la République française, est malade. Pierre après pierre, il s'érode, lentement mais sûrement. Le bâtiment, construit entre 1764 et 1790, bouge comme tous les édifices anciens. Mais celui-là a une particularité:l'architecte Jacques Germain Soufflot avait recommandé une structure qui s'appuie très largement sur la pierre armée. Au fil du temps, les tractions dues à l'âge du Panthéon se sont répercutées sur l'ensemble, notamment sur les agrafes de fer qui soudent les pierres les unes aux autres. Les armatures se sont corrodées et, à la longue, la pression fait éclater certains blocs.
Seul l'œil avisé de l'architecte en chef des monuments historiques, Daniel Lefèvre, sait voir l'ensemble des fissures, le fer rouillé mis à nu. Et il faut monter dans le lanternon, partie ultime de la coupole, pour constater une nette dégradation des parois. Le visiteur, lui, n'aperçoit que la partie émergée de l'iceberg. Dans les années 1990, après la chute d'un morceau de plafond, des immenses filets avaient été tendus dans le chœur, le long des galeries intérieures, sur les bas-côtés. Ils sont toujours là. «Chaque année, nous procédons à une vérification, explique Daniel Lefèvre. Nous déposons les petits éléments qui pourraient se détacher ou nous mettons des pansements en fibre de verre ou en carbone. » En montant dans les colonnades, on aperçoit ces facings, comme autant de cache-misère.
À l'extérieur du Panthéon, les nouvelles ne sont pas meilleures. Le péristyle, inspiré des temples antiques, s'effrite. La couverture de plomb du dôme souffre. Elle est vétuste, ce qui est normal compte tenu de son ancienneté, mais elle aussi fragilisée. Là encore, les milliers de tonnes des trois coupoles pèsent sur un système qui, selon l'architecte, relève d'un équilibre très subtil. «L'urgence c'est de restaurer la coupole», estime-t-il. Cela nécessite entre autre d'élever un échafaudage de 60 mètres de haut. Qu'il soit en une seule partie ou en plusieurs, il pèserait par ailleurs très lourd et ne devrait pas s'appuyer sur la coupole. Ce qui rend l'exercice complexe et d'autant plus coûteux. Tout cela s'élèverait à environ 10 millions d'euros.
Le sacré et de politique
«Nous avons commandé une étude au service national des travaux, explique l'administrateur du lieu, Pascal Monnet. Le Panthéon n'est pas un chef-d'œuvre en péril. Mais, d'après le service, nous aurions besoin de dégager 100 millions d'euros sur dix ans pour maintenir l'édifice en l'état.» Les mécènes éventuels ne se bousculeraient pas. Tout simplement parce que le chantier est perçu comme «titanesque». Il n'est, par ailleurs, pas question d'y organiser des soirées privées car c'est un lieu solennel.
Depuis deux cent vingt ans, le Panthéon est en travaux. La nef est même restée fermée entre 1985 et 1995. Après la tempête de 1999, une vague de restauration a été menée. En 2001, le circuit dans les parties hautes, avec vue imprenable sur le vieux Paris historique, a été réaménagé. Cinq ans après, la nef a été rouverte.
Ces restaurations couplées à de grands événements dont l'entrée d'Alexandre Dumas fin 2002 ont suscité un regain d'intérêt. Jamais la fréquentation du Panthéon n'a été aussi élevée:640 .000 visiteurs, dont 30.000 scolaires et 70% d'étrangers, s'y sont pressés l'année dernière. La crypte des grands hommes (et de quelques femmes) attire, tout comme la vue à 360°.
Contrairement à d'autres monuments nationaux, il est bien vivant, avec ce petit grain de sel régulièrement apporté par les polémiques autour des panthéonisations ou les cérémonies officielles. Le Panthéon, qui fut un temps une église, est un mélange de sacré et de politique. Il n'en a que plus d'intérêt. La mémoire des grands hommes ne mériterait-elle pas 100 millions d'euros ?