Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Une «île des arts» dans l'ex-forteresse ouvrière
Par Claire Bommelaer
08/07/2010 | Mise à jour : 11:07 Réagir
Vue depuis Boulogne (maquette). Crédits photo : Gaston Bergeret/Ateliers Jean Nouvel
Le projet d'aménagement du site des anciennes usines Renault, sur l'île Seguin, à Boulogne-Billancourt, a été présenté mercredi.
P endant soixante ans, ce fut le royaume du constructeur automobile Renault. Dans sept ans, l'île Seguin sera peut-être «une île de tous les arts», selon l'expression de Jean Nouvel. L'architecte a présenté hier, aux côtés du député maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, son projet d'aménagement pour ces 11 hectares fichés au milieu de la Seine. La maquette, de verre et de vert, est pleine de promesses. Alors que l'île est vide depuis 1992, on la voit soudain animée de jardins, grâce au paysagiste Michel Desvigne, de bâtiments ronds et de verrières. Le tout, grâce à la forme de l'île, forme presque un paquebot. «Paris est né de la Seine. Avec ce projet, le fleuve continue à être un élément de vie», s'est réjoui Jean Nouvel.
À l'avant, sur la pointe dite aval, le conseil général des Hauts-de-Seine promet un vaste ensemble musical, avec deux salles, l'une de 800 places, l'autre de 3000 à 5 000 places. Le conservatoire de Boulogne-Billancourt devrait aussi s'y installer. Sur la pointe amont, un pôle d'art contemporain de 20.000 m2 est prévu. Galeries et artistes côtoieront un lieu accueillant le fond d'art moderne de Renault. Par ailleurs, «des négociations sont en cours » pour que la Fondation Cartier, actuellement à Paris, rejoigne le pôle. Une partie devrait être consacrée aux arts numériques, y compris un énigmatique «cirque numérique». Entre les deux et autour d'une grande rue, des commerces, des bars, des terrasses, un hôtel, des jardins, un ensemble cinéma Pathé.
Une boucle de métro
La maquette recèle aussi une possibilité:un long couloir sur l'un des bords pourrait, le cas échéant, accueillir la Maison de l'histoire de France. Projet présidentiel, cette maison se cherche un lieu, si ce n'est un financement. Le maire de Boulogne-Billancourt a donc demandé à Jean Nouvel de l'intégrer au-dessus du fleuve, en attendant une réponse.
Il n'est aujourd'hui pas possible de chiffrer tout cela avec certitude. Le conseil général prévoit 150 millions d'euros (grâce à un partenariat public-privé), le syndicat d'économie mixte et la ville parlent de 130 autres millions. Quant au reste, il dépend largement du secteur privé. De fait, le futur aménagement fonctionne comme un jeu de domino, chaque intervenant entraînant l'autre, tout le monde étant autonome, mais ne pouvant exister qu'ensemble, dans une forme de mixité.
C'est d'ailleurs en partie grâce aux travaux d'aménagement de Boulogne-Billancourt, en face de l'île, que le projet Seguin sera viable. Des milliers de logements ainsi qu'un immeuble de bureaux de dix-huit étages conçu par Jean Nouvel (livraison prévue en juin 2011) pourrait jouer un effet d'entraînement. Sans ce dernier, le projet risque d'être fragile. Il manque encore d'une bonne desserte par les transports publics, même si le projet du Grand Paris prévoit une boucle de métro dans ce secteur.
Par ailleurs, les investisseurs privés pourraient être freinés dans leur ardeur par la crise économique. Depuis 1992, beaucoup a été envisagé, voire promis, pour la reconversion de l'île Seguin, comme l'installation de la Fondation d'art contemporain Pinault, finalement partie à Venise. Mais, hier, la ville, le département, l'association pour la Vallée de la culture, la SEM et Jean Nouvel affichaient un moral d'acier. «On tient le bon projet», ont-ils clamé.