Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
"Les Tortues de Tasmanie", de Jack London : huit nouvelles empreintes de douceur et d'optimisme
La Tasmanie, qui donne son titre au livre, est l'un des nombreux endroits où l'aventurier Tom Travers a vécu dans l'alcool, les bagarres et l'amour. Malade, il demande et obtient l'hospitalité de son frère, Frédéric, ami du Travail et du Devoir. Tom a amené sa fille avec lui, effervescente et généreuse, bien différente de sa cousine, l'aimable et terne Mary.
La maison est bientôt envahie par les amis du malade, un petit monde d'aventuriers gais et bruyants dont l'un au moins a fréquenté la Tasmanie et ses tortues. A leur contact, l'austère et riche Frédéric commence à se poser des questions sur la vie et son mode d'emploi. Alors que le sympathique jouisseur commence à décliner, sa fille Polly, vive et franche, donne à son oncle craintif une leçon sur la vie : "Une chose royale, et (mon père) l'a payée royalement. Vous, vous avez payé à contrecoeur, vous avez préservé vos artères et votre argent, et vous avez gardé les pieds secs."
"L'Eternité des formes", inspirée par "Le Horla", de Guy de Maupassant, étudie le combat douloureux entre un homme et son double. "Le Pavillon des timbrés" considère les troubles mentaux, en suivant le parcours d'un adolescent confiné dans un asile où il rêve d'amour et de liberté : c'est probablement l'une des dernières nouvelles écrites par London.
Les buts de la vie
Enfin libéré après de longs séjours au pénitencier, le Vagabond rencontre une fillette qui engage avec lui une longue conversation. Toute de pureté et de bonheur simple, elle l'évangélise, dégage pour lui des horizons, fait apparaître des joies, des espoirs. Obstinée, paisible, sûre de sa vérité, elle finit par triompher de trente ans de violence, et remet debout l'ancienne brute qui parvient à trouver un emploi respectable. Ce dialogue sur les buts de la vie est l'un des plus touchants du recueil.
Joshua Childs, le Père Prodigue, a fait fortune en Californie après avoir longtemps piétiné en Nouvelle-Angleterre, où il a abandonné sa femme, une maîtresse d'école inflexible, et leur fils. Pendant douze ans, il leur a envoyé des mandats. Rassuré sur sa réussite, il décide de revoir les siens. Arrivé près de la maison, il hésite, attiré par la curiosité, rebuté par le souvenir de la maritorne. En causant avec son fils sans révéler qui il est, il s'aperçoit que son souvenir est vénéré dans la famille qu'il a abandonnée. Il regagne l'Ouest avec son fils, mais sans l'épouse.
London, on le sait, a fréquenté le Yukon et ses chercheurs d'or. C'est dans ce monde glacé qu'il raconte la mort d'un solitaire atteint par le scorbut et qui cherche désespérément un traîneau pour gagner la ville afin de s'y faire soigner. C'est aussi dans le Grand Nord que le médecin Linday accepte d'aller secourir un accidenté, à trois jours de route, malgré le dégel et ses terribles menaces. Le blessé est un criminel, il a jadis pris au médecin la femme qui tente de le soigner. Linday le sauvera-t-il, et pourquoi ?
On voit la variété des thèmes et leur richesse : cela devrait suffire à donner envie d'aller plus loin et de découvrir les chefs-d'oeuvre de cet écrivain considérable.
LES TORTUES DE TASMANIE (THE TURTLES OF TASMAN) de Jack London. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Louis Postif. Phébus libretto, 192 p., 10 €.