Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La représentation du paysage et du jardin
Aucune autre culture que la chinoise n’a accordé – et depuis si longtemps – une aussi grande importance à la peinture de paysage ni considéré la représentation du monde extérieur comme un moyen de se cultiver intérieurement. La peinture de paysage, comme l’indique l’appellation chinoise "shanshui", se composent de "montagne" shan et "d’eau" shui, deux éléments unis en d’infinies combinaisons. Ces représentations cosmiques offrent un panorama composé de multiples points de vue à la contemplation d’un observateur placé sur une hauteur. L’art du jardin, qui crée un espace artificiel imitant savamment la nature et s’harmonisant avec elle, est l’un des thèmes particuliers exploités par ce genre. Indissociable de l’architecture, le jardin de lettré alterne pavillons et jardins.
La référence à Wang Wei | |||||||||||
La villa de Wang Wei a créé l’image emblématique d’un domaine à l’écart du monde réel, véritable ermitage champêtre, dans lequel le lettré, reclus, consacre sa vie à la méditation, à la contemplation émerveillée de la nature, et aux nobles loisirs de la poésie et de la peinture. Cet idéal érémitique s’imposera jusque dans les domaines impériaux du XVIIIe siècle, immortalisés par les vues du Hameau pour fuir la chaleur accompagnées des poésies de Kangxi ou celles du Palais d’été ornées de vers de Qianlong. | |||||||||||
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La peinture de paysages rouleaux et albums La peinture de paysages est présente dans deux formats qui se consultent à plat, le rouleau dont la tradition est très ancienne et l’album qui s’impose comme une des formes principales sous les Ming et les Qing. Si le rouleau permet de faire défiler un vaste panorama de manière continue, l’album sectionné en vues adhère généralement à un programme pictural qu’il déploie de feuillet en feuillet. La marque du temps n’en est pas absente, évoquée le plus souvent par le passage des saisons. | |||||||||||
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L'album de paysages La conception d’un jardin scindé en microcosmes, présentant des éléments indépendants à l’intérieur d’un tout, s’adaptera naturellement au format de l’album de paysages, l’une des formes favorites de la peinture des époques Ming et Qing, qui adopte un programme iconographique précis se poursuivant de feuillets en feuillets. L’art du jardin obéit aux mêmes conventions de base qui associent les composants minéraux et aqueux, antinomiques et complémentaires. Nul jardin n’est digne de ce nom s’il n’est agrémenté d’une pièce d’eau ou d’une rivière sinueuse, embelli de rochers ou de rocailles, et situé de préférence dans un cadre montagneux. La végétation n’y joue qu’un rôle secondaire, les fleurs n’y sont présentes que sur les arbres fruitiers. | |||||||||||
Un genre majeur depuis des siècles | |||||||||||
L'architecture rend compte de la présence humaine | |||||||||||
L'apprentissage de la peinture de paysage L’apprentissage de ce type de peinture s’apparente à celui de la calligraphie. Le jeune peintre apprend patiemment à dessiner les feuilles d’arbres ou les rochers d’une manière précise et codifiée et puisera toute sa vie dans un répertoire de traits, droits ou sinueux, longs ou courts, épais ou fins, formant crochets, rides et points, tout comme le calligraphe lorsqu’il se forme aux différents styles. De même, il jongle avec un très petit nombre d’éléments : il représentera des pierres (cailloux, rochers, montagnes), de l’eau (étangs, rivières, lacs), ajoutera le toit d’une chaumière ou la silhouette d’un homme. Ces quelques ingrédients lui permettront de composer une œuvre personnelle, tout à la fois universelle et intemporelle. | |||||||||||
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Pavillons d’Orient et fantaisies d’Occident au Palais d’été Dans la tradition des jardins de lettrés, les empereurs Kangxi et Qianlong se sont fait aménager de somptueux parcs qui leur servaient de résidence une grande partie de l’année, quand ils n’occupaient pas la Cité interdite ou le palais de Chengde. Le Chàngchunyuan était le palais occupé par Kangxi, (le jardin du Printemps glorieux). Il fut augmenté ensuite du Qichunyuan (jardin du Printemps resplendissant) et surtout du Yuanmingyuan, jardin de la Clarté parfaite, le plus célèbre de tous, où Qianlong résidait environ 126 jours par an. | |||||||||||
Le jardin de la Clarté parfaite | |||||||||||
La vogue des jardins chinois en Europe Une collection publiée en France de 1702 à 1776 sous le titre des Lettres édifiantes et curieuses, établie sur la base de la correspondance des jésuites de Chine, souvent rééditée et ayant une large audience, contribua à nourrir la vogue sinophile et à entretenir le goût pour les "chinoiseries" qui prévalait au XVIIIe siècle. Chaque volume était un événement attendu dans les salons et l’une des missives, dans laquelle le frère Jean-Denis Attiret (1702-1768) évoquait les maisons de plaisance de l’empereur au Yuanmingyuan, qu’il nomme le "jardin des jardins", connut un retentissement particulier. Daté du 1er novembre 1743 mais publié en 1747, ce document permit aux Européens d’acquérir des informations sur les jardins chinois qui jouèrent un rôle prépondérant dans l’élaboration d’une conception nouvelle de l’art du paysage, à un moment où la symétrie du jardin à la française commençait à être remise en question. Cette lettre contribua à la création des parcs "imités de la Chine" à travers toute l’Europe. | |||||||||||
Les Palais européens de l'empereur de Chine | |||||||||||
http://expositions.bnf.fr/chine/arret/4/index5.htm | |