Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La Lune aurait tendance à se contracter
Par Jean-Luc Nothias
23/08/2010 | Mise à jour : 00:29
Les scientifiques de la Nasa ont observé de très nombreuses failles de chevauchement réparties sur l'ensemble de la surface lunaire. (Crédits photo : AP)
La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter a filmé des failles telluriques récentes sur notre unique satellite naturel montrant que son diamètre rétrécit.
Vu du sol terrestre, la Lune n'a pas toujours le même diamètre. On la voit parfois plus grosse ou plus petite en fonction de sa position dans le ciel ou des conditions atmosphériques. Ce changement de diamètre apparent n'est évidemment qu'une illusion d'optique. Pourtant, une toute récente étude tend à prouver que notre satellite naturel… rétrécit (Science du 19 août).
Et c'est grâce à des yeux ultraperfectionnés, ceux de la sonde américaine Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO), qui scrutent la surface lunaire sans relâche depuis le 30 juin 2009, que cette observation a pu être faite. Lancé le 18 juin de cette année-là, elle s'est mise en orbite le 23 et tourne, depuis, à 51 kilomètres d'altitude au-dessus du sol lunaire. Pesant au départ 1 916 kg, elle mesure, une fois que ses panneaux solaires ont été déployés, 4,30 m sur 3,25 m.
Elle abrite six instruments scientifiques devant permettre d'établir une carte en relief très précise, comprenant des données altimétriques, de température ou de présence d'eau. Ses caméras haute résolution peuvent prendre deux types d'images : l'une de 5 km de côté avec une résolution de 50 cm à 2 m, l'autre de 60 km de côté avec une résolution de 100 m. Une mission prévue à l'origine pour déterminer les meilleures zones d'alunissage pour un éventuel retour des Américains sur la Lune, décidé pendant l'ère Bush, retour qui n'est aujourd'hui plus à l'ordre du jour.
L'une des failles de chevauchement. Crédits photo : AFP
«Refroidissement de son intérieur»
C'est en explorant une zone proche de celle où avait aluni en 1972 Apollo 17, dernière mission du programme Apollo (qui avait rapporté 110 kg de roches lunaires sur les 382 jamais collectées) que les chercheurs américains et allemands responsables du programme ont eu la surprise de découvrir des failles, dites de chevauchement, récentes, témoignant ainsi d'une activité tectonique dans le sol lunaire. Ces zones avaient déjà été photographiées par les missions Apollo 15, 16 et 17. Avec les photos récentes du LRO, la dynamique de ces failles a pu être établie et d'autres zones ont pu être explorées.
«L'un des aspects les plus remarquables de ces failles est leur âge récent, explique Thomas Watters, de la Smithsonian Institution de Washington, premier auteur de l'étude. Elles sont distribuées assez globalement à la surface lunaire, indiquant ainsi une contraction de l'ensemble de la Lune due vraisemblablement à un refroidissement de son intérieur.» Les chercheurs estiment que la taille de cette contraction pourrait être d'une centaine de mètres depuis les dernières centaines de millions d'années.
Des études qui permettraient peut-être de trancher sur l'origine de notre seul satellite naturel. D'un diamètre de 3 476 km, tournant en moyenne à 380 000 km de la Terre, la Lune aurait autour de 4 milliards d'années. Parmi les hypothèses les plus en vue, celle qui affirme qu'elle serait issue de la Terre, alors qu'elle n'était pas encore aussi solide qu'aujourd'hui, à la suite d'une collision avec un très gros objet céleste, est la plus prisée. Mais elle n'est pas encore totalement prouvée. Les yeux du LRO pourront-ils apporter de nouveaux éléments ?