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Catégories : L'économie, Le textile

Le coton pousse à la hausse les prix du textile

Par Pierre Desmarest
22/08/2010 | Mise à jour : 22:43

Des femmes travaillent dans un champ de coton près de la ville de Multan, en Pakistan.
Des femmes travaillent dans un champ de coton près de la ville de Multan, en Pakistan. Crédits photo : Reuters

La filière doit faire face à une brutale chute de production, liée aux catastrophes intervenues au Pakistan et en Chine. Le risque de pénurie est réel alors que les stocks sont déjà bien entamés.

Les cours mondiaux du coton s'envolent et, face à cette hausse, c'est toute la filière du textile et de l'habillement qui s'inquiète. Le mois dernier, la firme américaine de jeans Levi's a prévenu ses clients : «Nous avons déjà décidé d'augmenter les prix pour le second ­semestre de cette année.» Une ­annonce qui ne ravira pas les consommateurs et qui pourrait en précéder bien d'autres. Le fabricant suédois de vêtements H&M avoue ainsi que «si les choses devaient perdurer de la sorte, cela devrait conduire à des pressions inflationnistes».

Dans un premier temps, ce sont surtout les marques d'entrée de gamme, dont les marges sont les plus serrées, qui risquent de revoir leur politique de prix. Dans le moyen et haut de gamme, la marge de manœuvre est plus importante. Nicolas Dreyfus, directeur du développement chez The Kooples, explique aussi que «les fournisseurs prendront à leur charge une partie de l'augmen­tation du coût de la matière première du coton». Et si David ­Leslie Freche, le directeur financier de Loft, dit ne pas être «inquiet en raison du positionnement de la marque» , il est tout de même préoccupé par «les tensions sur les marchés des matières premières». Une analyse partagée par François-Marie Grau, le secrétaire général français de la Fédération de la mode, qui ne cache pas son inquiétude : «Pour le moment, les marques ont fait le choix de ne pas répercuter les hausses sur de prix sur leurs produits. Mais jusqu'à quand le pourront-elles ?»

 

Deux ou trois années encore difficiles

 

C'est le mois dernier que le cours du coton a enclenché sa remontée brutale. Il est passé de 73 cents mi-juillet à 83 cents la livre en août (une balle de coton pèse 485 000 livres, soit 220 kg en moyenne, NDLR). La valeur de la matière première vient d'atteindre un niveau record depuis 1995.

Ce sont les récentes catastrophes climatiques qui ont ajouté à la nervosité du marché. Les terribles inondations au Pakistan et les récents glissements de terrains en Chine ont détruit une part importante de la production mondiale, dont ces deux pays ­représentent 40 %, selon le ­CyclOpe. Les intempéries ont fait chuter de 8 % la production pakistanaise et de 10 % la chinoise. Conséquence : lorsque la production de l'hémisphère Nord arrivera à maturité, en novembre prochain, elle devrait être inférieure de 10 % à 15 % à la demande anticipée. «70 % des récoltes américaines sont déjà vendues», ajoute un trader. Les cours s'en ressentent déjà : certains redoutent une pénurie, ou que l'offre soit insuffisante pour satisfaire les contrats en cours. La situation risque d'être d'autant plus tendue que la production n'a cessé de chuter depuis deux ans. En raison de la faiblesse des cours lors des précédentes saisons, qui a incité des producteurs à se reconvertir. Les surfaces cultivées ont baissé d'environ 25 % et «50 % des opérateurs ont disparu en 2008», affirme même un trader.

Certaines gammes de produits prévues chez les industriels du textile pourraient bien ne pas voir le jour. Cela, pour protéger les stocks de fils. En effet, «les réserves se sont érodées depuis quelques années», confie un broker, spécialiste du secteur. La faute à une mauvaise anticipation des événements. «Nous nous sommes trompés», avoue un producteur français. Il manque 4 à 5 millions de balles de coton pour que les stocks soient à l'équilibre. Fabricants et spécialistes du marché du coton s'accordent à penser qu'il faudra deux voire trois années de production avant que le marché perde un peu de sa nervosité.

 

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