Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Dans la tête du tueur
Par Françoise Dargent
29/09/2010 | Mise à jour : 17:51
L'hypnotiseur de Lars Kepler : nouveau best-seller suédois et nouvelles méthodes d'investigation au royaume du crime.
Il fut un temps où la méthode pour obtenir des aveux se résumait à peu de chose : le suspect se mettait à table à la nuit tombée après avoir été éprouvé par un inspecteur passablement énervé. Une lampe pouvait être utile. Il y eut ensuite l'arsenal un brin fanfaron des brigades scientifiques avec leurs éprouvettes à conviction. Les gants de chirurgien étaient de rigueur. Puis Stieg Larsson est arrivé avec ses hackers compulsifs capables de débusquer un coupable en restant devant leur ordinateur. Lars Kepler, dernière recrue suédoise de l'écurie noire d'Actes Sud, ne prône aucune de ces méthodes. Dans L'Hypnotiseur , l'enquêteur par qui la vérité arrive n'est même plus policier mais psychiatre. Erik Maria Bark a expérimenté une méthode thérapeutique à base d'hypnose pour aider des patients victimes de traumatismes à exprimer ce qu'ils refoulent. Quand le jeune Josef arrive à l'hôpital, seul survivant d'un massacre dans lequel toute sa famille a péri, l'inspecteur Joona Linna pense immédiatement à faire appel au médecin.
Plongée en enfer
Une enquête menée l'esprit rivé sur les pensées les plus sombres des individus, l'idée est aussi inquiétante que séduisante. Elle fait ici mouche. Lars Kepler porte un soin particulier à ciseler la personnalité complexe de l'hypnotiseur. Erik traîne son spleen dans un Stockholm gris mais néanmoins très incarné. Sa femme s'est éloignée de lui, son fils adolescent adopte la posture de l'huître et les antidépresseurs qu'il prend depuis qu'une séance d'hypnose a mal tourné ne lui réussissent pas vraiment. En acceptant le cas Josef, le premier depuis dix ans, il ne se doute pas qu'il va plonger en enfer. Sous le pseudonyme de Lars Kepler se dissimule un couple d'auteurs, Alexandra et Alexander Ahndoril. On passera sur les faiblesses d'une écriture entachée de quelques lourdeurs pour retenir leur talent à exploiter à l'extrême cette veine psychologique. Ceux qui n'ont pu détacher leurs yeux de ce roman captivant se réjouiront d'apprendre qu'une seconde enquête de l'inspecteur Joona Linna est déjà en tête des ventes en Suède.
L'hypnotiseur de Lars Kepler, traduit du suédois par H. Roel-Rousson et Pascale Rosier, Actes Sud, 510p., 23 €.