Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La doyenne du cosmos a 13 milliards d'années
Marc Mennessier
22/10/2010 | Mise à jour : 10:45
La galaxie a été observée avec le Very Large Telescope, un ensemble de quatre téléscopes situés dans le désert d'Atacama. (Crédits photo : ESO / H.H.Hayer)
Une équipe d'astronomes vient de repérer la plus ancienne lueur émise par une galaxie, peu de temps après le big bang.
C'est le plus vieil objet connu à ce jour. Le plus éloigné
C'est le plus vieil objet connu à ce jour. Le plus éloigné aussi. Des astronomes français et britanniques viennent de montrer que la galaxie UDFy-38135539, située dans la constellation du Fourneau, a émis sa première lumière il y a plus de 13 milliards d'années, lorsque l'Univers n'avait que 600 millions d'années. Soit un peu moins du vingtième de son âge actuel.
Cette doyenne cosmique a d'abord été repérée en 2009 par le télescope spatial Hubble. Sa lueur, extrêmement ténue, a ensuite été observée et analysée pendant seize heures au Very Large Telescope (VLT), installé sur le mont Cerro Paranal dans le désert d'Atacama au nord du Chili. Les résultats publiés avant-hier dans la revue britannique Nature montrent que la lumière ultraviolette, d'une longueur d'onde de 0,12 millionième de mètre (microns), émise au départ par cette galaxie, arrive aujourd'hui sur Terre sous forme de rayonnement infrarouge d'une longueur d'onde de 1,16 micron. Ce décalage vers le rouge, qui traduit la perte d'énergie liée à la dilatation et à l'expansion de l'Univers depuis ces époques lointaines et donc la distance qui nous sépare maintenant de UDFy-38135539, atteint la valeur record de 8,55. Du jamais-vu dans l'histoire de l'astronomie ! Le précédent record (8,2), attribué l'an passé à un «sursaut gamma» (flash lumineux extrêmement violent lié à la mort d'une étoile massive), est battu.
Brouillard d'hydrogène
«Nous avons vu cette galaxie lorsque l'Univers avait moins de 600 millions d'années. Il s'agit de l'objet le plus lointain jamais observé jusqu'à présent», se félicite Matthew Lehnert, astronome CNRS à l'Observatoire de Paris-Meudon et principal auteur de l'étude.
«Il s'agit des premières observations confirmées d'une galaxie dont la lumière dissipe l'opaque brouillard d'hydrogène qui emplissait le cosmos dans les premiers temps de l'Univers», souligne dans un communiqué l'Observatoire européen austral (ESO), propriétaire du VLT. Sans ce brouillard, les premières étoiles auraient pu «s'allumer» 400 millions d'années seulement après le big bang. Pour que la lumière parvienne à s'en échapper, il a fallu en effet que la galaxie émette suffisamment d'énergie pour ioniser l'hydrogène et rendre ainsi l'Univers transparent.
Deux autres galaxies parmi les cinq détectées par Hubble sont en cours d'étude au VLT. L'une d'elles sera-t-elle la nouvelle doyenne du cosmos ?