Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Une exposition à Londres explore les paradis artificiels
LONDRES — Quoi de commun entre Baudelaire, Henri Michaux, Freud et les indiens du Vénézuela? Tous ont pris des drogues, pour le plaisir ou l'expérimentation, tant leur usage fait partie de la culture humaine, rappelle une exposition de la Wellcome Collection à Londres.
Pas de jugement moral dans ce parcours à travers les usages et les substances, mais une grande curiosité pour toutes les drogues, sans tabou. Le terme n'englobe-t-il pas aussi bien le cannnabis, l'opium, les feuille de coca et les champignons hallucinogènes que nos drogues habituelles, café, thé, alcool ...
Dans une expérience étonnante conduite par la Nasa sur des araignées pour tenter d'évaluer l'impact de diverses substances, on constate curieusement que la toile d'araignée la plus perturbée a été faite sous caféine et non sous cannabis.
De très nombreux dessins, textes et oeuvres d'art réalisés sous l'empire de drogues montrent que de tout temps, l'homme a tenté de communiquer son expérience. Henri Michaux et ses "dessins mescaliniens" aux formes alambiquées, Charcot dessinant sous l'influence du hachish ou Baudelaire décrivant ses expériences dans "Les paradis artificiels" témoignent de ces tentatives. Ce dernier constatait d'ailleurs que si le hachish et l'opium aiguisaient les sens, ils plongeaient aussi dans une léthargie peu propice à la production poétique...
Sans concession, l'exposition montre aussi bien les dégats de l'opium ou de la morphine chez les drogués que les rituels indiens festifs.
Si dans telle culture, la drogue prise collectivement est parfaitement tolérée, telle autre la considère comme un problème de santé publique.
Même si ce ne fut pas toujours le cas: des publicités rappellent qu'au début du 20e siècle, on soignait la toux des enfants au sirop à l'héroine, et l'asthme avec des "cigarettes indiennes" au cannabis.
"Ce n'est que dans les années 1920 qu'on a commencé à limiter l'usage de ces médicaments et en 1951 qu'ils ont été interdits", indique Caroline Fisher, conservatrice. "C'est stupéfiant de penser que nos parents pouvaient acheter tout celà librement en pharmacie".
Exposition "High Society", Wellcome Collection, 11 novembre-27 février, accès libre.