Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Émergence littéraire des femmes à Lyon, 1520-1550
Saint-Étienne, PSE, coll. « l’école du genre », série Nouvelles recherches n°3, 2008 - 286 p., 20 euros
À en croire leurs contemporains, les femmes de Lettres brillèrent tout particulièrement à Lyon dans les années 1550. Il reste de cette effervescence des œuvres encore célèbres, comme celles de Louise Labé et Pernette du Guillet, des textes connus des érudits lyonnais ou des seuls spécialistes, et parfois des traces plus ténues encore, quand les écrits ont disparu sans avoir été publiés. Dans d’autres cas, enfin, il reste des énigmes, comme la mystérieuse autrice des Comptes amoureux de Madame Jeanne Flore, qui pourrait bien n’avoir jamais existé.
De fait, le milieu littéraire lyonnais de la Renaissance semble avoir délibérément favorisé l’émergence des femmes en son sein. Les premiers pas reviennent à Clément Marot et Bonaventure des Périers, qui insérèrent dans leurs ouvrages des poèmes de femmes dialoguant avec les leurs, donnant ainsi à voir les noms et les écrits de quelques-unes de ces « consœurs ». Le milieu éditorial aussi joua un rôle essentiel : en dédiant de nombreuses publications « aux dames », en sauvant de l’anonymat des brouillons appelés à disparaître (comme les Rymes de Pernette Du Guillet), en remodelant la présentation de certaines œuvres (comme les Angoysses douloureuses d’Hélisenne de Crenne), en imprimant celles de Marguerite de Navarre, de Louise Labé, de Marguerite de Cambis, et même en accueillant l’étonnante Jeanne Flore, double féminin de Juan de Flores, les éditeurs François Juste, Denis de Harsy, Jean de Tournes, Antoine du Moulin, Guillaume Roville, Luc’Antonio Ridolfi furent autant d’acteurs de la cause littéraire des femmes. C’est aux jeux d’influence de ces différentes composantes, à leurs soubassements sociologiques, idéologiques et littéraires, que les articles de ce volume sont consacrés. C’est aux efforts de chacun et chacune qu’ils tentent de rendre vie.
Michèle Clément est professeure de littérature française à l’Université Lyon 2 ; elle a édité, entre autres, Les Chansons spirituelles de Marguerite de Navarre. Janine Incardona enseigne la langue et la littérature françaises à l’Université de Valence (Espagne) ; elle a soutenu en 2003 une thèse sur Hélisenne de Crenne.
INTRODUCTION
Michèle Clément
PREMIÈRE PARTIE : « LE CLIMAT LYONNAIS »
Michèle Clément, Comment un nouveau champ littéraire est créé à Lyon : « En donnant lieu à la Main féminine » (1530-1555)
Richard Cooper, Le Cercle de Lucantonio Ridolfi.
Évelyne Berriot-Salvadore, La femme dans les ouvrages médicaux lyonnais : Questions théoriques et stratégies éditoriales
Elsa Kammerer, Une sainte femme désirée : le Magdalon de la Madalena de Jean de Vauzelles (Lyon, 1551)
DEUXIÈME PARTIE : SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ?
Daniel Martin, Voix de femmes, livres d’hommes. Autour de trois poétesses : Jeanne Gaillarde, Jacqueline de Stuard, Claude de Bectoz
Béatrice Alonso, Louise Labé, Olivier de Magny : Dialogue poétique, dialogue politique ?
Elise Rajchenbach, « Tu le pourras clerement icy veoir ». Les Rymes de Pernette Du Guillet, publication vertueuse ou stratégie éditoriale ?
Philip Ford, À propos des « Élégies » de Pernette Du Guillet
Christine de Buzon et William Kemp, Interventions lyonnaises sur un texte parisien : l’édition des Angoysses douloureuses qui procedent d’amours d’Hélisenne de Crenne (Denys de Harsy, vers 1539)
Janine Incardona, « Impareil mariage » et parcours onomastique dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore
Gilles Polizzi, La Fable réifiée : la mise au féminin dans l’écriture des trois premiers Contes amoureux de Jeanne Flore
Régine Reynolds-Cornell, Marguerite de Navarre et les Contes amoureux : parallèles ou coïncidences ?
ÉPILOGUE
Christine Planté, Tout.e écrivain.e est « de papier »
Résumés des articles
Notices biographiques
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