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Catégories : Le paysage

Paysages français du XIXe siècle acquis par des musées français

12/6/10 - Acquisitions - Musées français - Le Musée départemental de l’Oise a acquis, en vente publique à Louviers le 18 octobre 20091, un petit tableau (ill. 1) de Camille Corot, jusqu’à présent inédit, représentant le château de Pierrefonds.
Aux environs de 1842, Corot avait peint ces ruines dans une toile aujourd’hui conservée au Musée des Beaux-Arts de Quimper2. D’autres peintures de Corot du même sujet sont connues (Cincinnati Art Museum, Musée Pouchkine de Moscou...). Contrairement à elles, le tableau de Beauvais est une pochade datant du début de la carrière du peintre, vers 1820. Il s’agit du troisième Corot à entrer dans les collections de ce musée.

1. Camille Corot (1796-1875)
Vue du château de Pierrefonds en ruine, 1821-1823
Huile sur papier marouflé sur toile - 19 x 24,5 cm
Beauvais, Musée départemental de l’Oise
Photo : Conseil général de l’Oise

2. Eugène-Antoine-Samuel Lavieille (1820-1889)
Vue du château de Pierrefonds en ruines, vers 1850
Huile sur panneau - 22,7 x 35,2 cm
Compiègne, Musée Vivenel
Photo : D. R.


Une autre vue de Pierrefonds (ill. 2), due à un élève de Corot, Eugène-Antoine-Samuel Lavieille, a été adjugée au Musée Vivenel de Compiègne chez Artcurial, le 18 mars 20083. Si l’achat du Corot par Beauvais se justifiait par la volonté d’acquérir des paysages de l’Oise, le Musée Vivenel s’efforce pour sa part de compléter sa collection de peintures d’artistes ayant séjourné à Compiègne et dans ses environs. Lavieille était très attaché aux ruines de Pierrefonds qu’il peignit à de nombreuses reprises.

Ce sont également des vestiges médiévaux que Jules Coignet a peint en 1830 dans un tableau (ill. 3) donné au Musée d’Angers en 2009 par l’association Angers musées vivantset qui vient renforcer son fonds de paysages de la première moitié du XIXe siècle autour de Turpin de Crissé et de Guillaume Bodinier. On appréciera particulièrement l’extraordinaire luminosité qui se dégage de cette œuvre.

3. Jules Coignet (1798-1860)
La tour Philippe le Bel à Villeneuve-lès-Avignon, vers 1830
Huile sur toile - 41 x 33,5 cm
Angers, Musée des Beaux-Arts
Photo : Musée des Beaux-Arts d’Angers

4. Jules Coignet (1798-1860)
Le chêne au dolmen dans la forêt de Brocéliande, 1836
Huile sur toile - 55 x 45 cm
Quimper, Musée des Beaux-Arts
Photo : Musée des Beaux-Arts de Quimper


Jules Coignet est d’ailleurs un excellent peintre, sans doute pas encore reconnu à ses justes mérites. En témoigne un autre don, cette fois au Musée des Beaux-Arts de Quimper, par l’association des amis, d’une toile représentant Le chêne au dolmen dans la forêt de Brocéliande4 (ill. 4). Ce superbe tableau a été peint en 1836 pendant le voyage de l’artiste en Bretagne. On distingue, à l’arrière-plan, un dolmen et un moine en méditation. Comme on pouvait le lire sur le site de la Mairie de Quimper : Coignet « associ[e] à la fois la forêt immémoriale (Brocéliande !), un monument celtique et la récupération en Bretagne par l’église chrétienne de cultes ancestraux : exemple parfait de l’image de la Bretagne au temps de Chateaubriand. »

5. Jean-Baptiste-Antoine Guillemet (1843-1918)
Parc à huîtres devant la tour de La Hougue
Huile sur toile - 54 x 73 cm
Saint-Vaast-la-Hougue, Musée de l’Ile de Tatihou
Photo : Musée de l’Ile de Tatihou

Elève de Corot, comme Lavieille, Jean-Baptiste-Antoine Guillemet est l’auteur de nombreux paysages représentant la baie de Morsalines sur la côte est du Cotentin. Le 23 novembre 2008, dans une vente aux enchères à Saint-Germain-en-Laye5, le Musée de l’île de Tatihou a acquis un toile représentant les parcs à huîtres devant la tour de La Hougue (ill. 5). Nous reviendrons lors d’une prochaine brève sur les nombreuses œuvres entrées ces dernières années dans ce musée. L’île de Tatihou, qui possède son propre fort de la fin du XVIIe siècle, contemporain de celui de La Hougue, se trouve en face de celui-ci.

6. Georges Michel (1763-1843)
Vue de la Seine avec une diligence
Huile sur papier marouflé sur bois - 60 x 79 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN

 


 


7. Charles Merme (1818-1869)
Madagascar, 1849
Huile sur panneau - 61 x 49 cm
Saint-Denis de La Réunion, Musée Léon-Dierx
Photo : Galerie Vincent Lécuyer

Après avoir signalé l’entrée au Musée du Louvre en 2008 d’une Vue de la Seine avec une diligence (ill. 6) de Georges Michel, avec un ciel d’orage typique de l’artiste, nous conclurons cet article consacré aux peintures de paysage du XIXe siècle récemment acquises par les musées français6par une note d’exotisme. Le Musée Léon-Dierx à Saint-Denis de La Réunion vient en effet d’acheter, auprès de la galerie Vincent Lécuyer à Paris, une toile de Charles Merme représentant un paysage de Madagascar (ill. 7). Elève de Prosper Marilhat et de Théodore Rousseau, cet artiste exposa régulièrement au Salon parisien, de 1843 à 1869, tout en menant parallèlement une carrière militaire dans la Marine. Il put ainsi peindre des paysages dans les colonies françaises, aux Antilles, en Afrique, à Madagascar ou à la Réunion.

 

Didier Rykner, samedi 12 juin 2010

 


Notes

1. Pour la somme de 23 947 € sans les frais.

2. Voir par exemple le catalogue de l’exposition Corot, Paris, Grand Palais, 1996, cat. 66, p. 217-218.

3. Pour 6 444 € (avec les frais).

4. Acheté à la galerie L’atelier d’artistes pour 11 000 €.

5. Pour 9400 € (hors les frais).

6. Nous n’avons pas été exhaustif. Certains enrichissements ont déjà été signalés sur ce site : un Paul Huet à Pau (brève du 3/10/09), un Corot à Barbizon (brève du 14/12/08) ; d’autres le seront dans de prochains articles.

 


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