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Nous avons aimé samedi:Odilon Redon: du noir fantastique à la couleur sereine

Odilon Redon: du noir fantastique à la couleur sereine

Chez Redon, l'araignée se fait souriante et sarcastique (fusain de 1881), "L'oeil comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini" (lithographie de 1882). Et "L'oeuf", doté d'un regard effaré, émerge d'un coquetier (lithographie de 1885).

Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, Paris consacre une grande rétrospective à Odilon Redon (1840-1916), artiste à l'imaginaire sombre et inquiétant jusqu'à ses noces avec la couleur, lumineuse et apaisante.

Le Grand Palais présente jusqu'au 20 juin quelque 180 peintures, pastels, fusains, dessins, gravures et lithographies de l'artiste, dans un cheminement chronologique, pertinent pour ce peintre passé du noir des fusains et des lithographies à la clarté colorée des pastels et de l'huile.

Conçue par la Réunion des musées nationaux (Rmn) et le musée d'Orsay, cette exposition permet une redécouverte de Redon qui n'avait pas eu d'exposition monographique en France depuis celle de l'Orangerie en 1956.

A bien des égards, Redon demeure une énigme. Artiste singulier, il a joué un rôle essentiel dans la genèse du symbolisme (il est ami de l'écrivain Huysmans et du poète Mallarmé) avant d'influencer les Nabis (Bonnard, Vuillard) séduits par sa palette. Plus tard, les surréalistes s'en réclameront.

Le constraste est vif entre l'allure bourgeoise de cet homme bien mis, sa vie tranquille, avec femme et enfant dans un appartement parisien cossu, et ses oeuvres hantées de personnages fantastiques.

Chez Redon, l'araignée se fait souriante et sarcastique (fusain de 1881), "L'oeil comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini" (lithographie de 1882). Et "L'oeuf", doté d'un regard effaré, émerge d'un coquetier (lithographie de 1885).

"Redon est le peintre de l'imaginaire et du subconscient dans une époque éprise de réel et d'objectivité", souligne Rodolphe Rapetti, commissaire de l'exposition. C'est "le prince du rêve", selon la formule du critique d'art Thadée Natanson en 1894.

Mais l'artiste se refuse à livrer les clefs de son oeuvre. Alors que son biographe André Mellerio l'interroge sur l'origine de ses créations étranges, il botte en touche et répond qu'"il est bon d'entourer toute genèse d'un mystère".

Né en 1840 à Bordeaux dans une famille bourgeoise et cultivée qui possède une propriété à Peyrelebade, près de Listrac, Redon est musicien et grand lecteur. Il passe quelques mois dans l'atelier de Jean-Léon Gérôme mais n'accroche pas. Son vrai maître est le graveur et lithographe bordelais Rodolphe Bresdin.

Il s'installe à Paris en 1872 et crée ses fusains l'été dans l'isolement de Peyrelebade. Pour assurer la diffusion de son oeuvre, il passe à la lithographie. "En 1879 il publie le recueil +Dans le rêve+, qui fait l'effet d'une bombe en plein impressionnisme", souligne M. Rapetti.

Ces "noirs" souvent inspirés de grands écrivains (Edgar Poe, Gustave Flaubert) suscitent l'intérêt de la critique. Sa notoriété se développe et il fait ses premières expositions.

Le passage à la couleur est progressif. "Les yeux clos", huile sur toile de 1890, marque une étape clef. Avec "La cellule d'or" (1892), où un profil bleu se détache sur un fonds d'or, l'influence de Paul Gauguin se fait sentir.

"J'ai épousé la couleur. Il m'est difficile de m'en passer", confie Redon après avoir tenté de refaire un fusain.

Il peint les bouquets que son épouse compose. Se lance dans la réalisation d'un grand décor de salle à manger pour le château du Domecy (Bourgogne). Vers la fin de sa vie, Redon s'inspire de thèmes antiques, traités dans des couleurs lumineuses. "Le char d'Apollon", "La naissance de Vénus" attestent de sa sérénité.

Mais la guerre de 1914, qui enrôle son fils Arï, assombrit Redon qui s'éteint en 1916. Il laisse sur son chevalet une "Vierge" inachevée, aux tons rouges.

http://www.lepoint.fr/culture/odilon-redon-du-noir-fantastique-a-la-couleur-sereine-23-03-2011-1310453_3.php

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