Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La modernité d’Edouard Manet
Le Musée d’Orsay met en lumière l’œuvre de ce peintre qui a souvent fait scandale. Son art était pourtant bien ancré dans son époque.
Cela faisait vingt-huit ans qu’aucune exposition n’avait été entièrement consacrée à ce peintre prolifique du XIXe siècle. Edouard Manet, dont le nom est parfois confondu avec son contemporain Claude Monet, ne saurait se réduire à la célèbre toile du Déjeuner sur l’herbe, qui fit scandale en son temps. La rétrospective proposée par le Musée d’Orsay, intitulée Manet, inventeur du moderne, vient rompre ce silence et révéler la modernité d’Edouard Manet à travers les liens que son art entretenait avec la culture romantique, aussi bien visuelle et littéraire que politique. Articulée autour de douze thèmes, elle s’attarde notamment sur la formation de l’artiste à l’atelier Thomas Couture, après son refus d’épouser la carrière d’avocat souhaitée par son père, l’influence de Baudelaire et des peintres espagnols Goya et Velasquez, son imaginaire érotique et ses zones d’ombre. L’expo fait la part belle à son art du portrait, notamment des femmes qui ont marqué sa vie : Berthe Morisot, sa belle-sœur, Suzanne Leenhoff, sa compagne, une Néerlandaise aux formes généreuses, et surtout Victorine Meurent, son modèle préféré, qu’il a même peinte en costume d’espada, version féminine du toréador.
Connotations sexuelles
Du côté des figures masculines, il a jeté son dévolu sur des écrivains, notamment le poète Stéphane Mallarmé, dont il était très complice. Les romantiques ont d’ailleurs fortement influencé son œuvre. La toute première toile de sa composition, Le Buveur d’absinthe, illustrait le poème de Baudelaire, Le Vin des chiffonniers. Cette peinture fut refusée en 1859 au Salon officiel et annuel de Paris (exposition des artistes agréés par l’Académie des beaux-arts), malgré le soutien de Baudelaire et de Théophile Gautier, car le jury ne la comprenait pas. En 1863, pour la première fois, les peintres refusés ont eu droit à une petite salle annexe : le Salon des refusés. Manet y exposera notamment Le Déjeuner sur l’herbe et Olympia, deux peintures controversées aux fortes connotations sexuelles. Deux ans avant sa mort, en 1865, Baudelaire décrit la peinture de Manet en ces termes : « Il y a des défauts, des défaillances, un manque d’aplomb, mais il y a un charme irrésistible. Je sais tout cela, je suis un des premiers qui l’ont compris. » Edouard Manet a reçu par la suite le soutien d’Emile Zola. Sa toile, Nana, inspirée par la prostituée du roman L’Assommoir, fut, elle aussi, sans surprise, refusée au Salon de 1877. Le peintre et l’écrivain coupèrent les ponts lorsque Zola lui reprocha de verser dans l’impressionnisme, bien loin du réalisme qu’il prisait. Manet s’est alors rapproché de Stéphane Mallarmé, dont il a réalisé le célèbre portrait. Ce lien avec ses contemporains signe là son évidente modernité.
Infos pratiques
Exposition du 5 avril au 3 juillet 2011 au Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, 75007 Paris. Tous les jours sauf le lundi, de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Tarif plein : 10 €. Rens. au 01.40.49.48.14