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Catégories : A lire, Nerval Gérard de

Qui lit trop devient fou

Couverture ouvrage
De l'égarement à travers les livres
Eric Poindron
Éditeur : Le Castor astral
 
203 pages / 15.20 € sur
 
 
 
Résumé : Une vaste enquête littéraire sur le “dessous des livres”, menée par un Cénacle improbable, le tout dans un registre fantastique, et que le lecteur est en droit de ne pas croire.
 
 
 
 
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De l’égarement à travers les livres, le nouvel ouvrage d’Éric Poindron, se présente comme une enquête littéraire, un “jeu de pistes” d’un genre un peu spécial. En effet, “[…] le narrateur est contacté par une société secrète, Le Cénacle troglodyte, afin de devenir ‘détective littéraire’. Derrière l’histoire de la littérature, il existe une autre histoire que l’on ignore. Aussi, le narrateur va-t-il devoir faire la lumière sur diverses affaires à la fois mystérieuses et secrètes” .

Encore faut-il préciser que pour devenir membre de ce Cénacle, il est nécessaire d’être atteint d’une pathologie rarissime, sorte de version outrée de la bibliomanie, la bibliopathonomadie . Sa manifestation clinique majeure se trouve être l’écriture et la lecture compulsives et frénétiques, associées à un impérieux désir de réunion, de collection de livres – et le bibliophile Jacob d’incarner ce syndrome.

Le “dessous des livres”
Les cinq premiers chapitres sont consacrés à la genèse, plutôt retorse, du Cénacle. Dévoilera-t-on les subtilités méandreuses de sa création et de ses fonctions ? On notera qu’à l’origine, tout commence comme un mauvais Dan Brown : les racines les plus anciennes du Cénacle remontent, en effet, au XIIIe siècle et se nourrissent profondément d’un “christianisme ésotérique” porté par un Ordre secret des Templiers. L’histoire se poursuit au début du XIXe siècle : le Cénacle semble alors renaître de ses cendres et se concentrer particulièrement sur la collection de textes occultes. Mais les choses changent au XXe siècle : le choix des textes se généralise et il n’est plus question que “d’édifier une bibliothèque de la connaissance”. Qui sont les adeptes du Cénacle troglodyte ? Nodier, Nerval, Hugo, Huysmans, Daumal, Schwob : tels auraient été, entre autres, ses illustres membres – mais, déjà, en ne citant que les plus connus, nous allons à l’encontre de l’esprit du texte d’Éric Poindron, qui s’oppose, justement, à une histoire littéraire discriminante, où les “anonymes” n’ont pas leur place…

Le narrateur n’opposera pas trop de résistance aux arguments du Professeur, membre présumé de la société secrète et qui cherche à l’“engager” – ne doutons pas un instant que les divers prêts et dons de livres du Professeur à la jeune recrue y sont pour beaucoup… Et sa première enquête de porter précisément sur la figure d’un des historiographes du Cénacle, Collin de Plancy. Nous ne résumerons pas, un à un et tour à tour, chacun des “mystères” littéraires qui composent la deuxième moitié de l’ouvrage : simplement, il s’agira pour “l’homme de terrain et d’intuition” qu’est le narrateur de faire la part des choses, de démêler le vrai du faux dans la prophétie de Jacques Cazotte , dans la théorie conspirationniste d’un curé de Montmirail , dans l’histoire de la disparition du corps de Voltaire , ou encore d’évaluer le lien entre une migraine tenace (et déformante) et l’écriture d’Alice au pays des merveilles .

“Nous sommes des enquêteurs, des détectives littéraires du fantastique, et nous devons faire la lumière sur les coulisses de la littérature mystérieuse et souterraine”  : sans grande surprise, donc, le fantastique et le merveilleux sont les deux registres qui se disputent tout au long du texte. Car le “dessous des livres” est aussi fait de spectres, de farfadets, de petits diables, que seule l’intuition érudite d’une société secrète peut déceler – et pas les chercheurs “raisonnables” ni les “chartistes à besicles et à courte vue”. Car on trouve ça et là, dans l’ouvrage, de discrets pieds de nez à l’institution littéraire – “Ici point de glose entre universitaires…” –, qui ne s’occupe que des figures officielles (et donc policées) de la littérature, négligeant, sans doute à travers mais surtout à tort les auteurs oubliés, les polygraphes inconnus, et tous les anonymes littéraires dont le rôle, bien que tacite, fut parfois décisif : sait-on qu’un certain William Hope Hodgson influença particulièrement H.P. Lovecraft  ? Qu’un certain Alexis Vincent Charles Berbiguier de Terre-Neuve du Thym inspira Flaubert autant qu’André Breton et Raymond Queneau  ?

Tous les chemins de la littérature mènent… à Reims
Le narrateur, une fois “recruté” par le Cénacle, entame un étrange parcours. Le point de départ se trouve être la bibliothèque Carnegie de Reims et les autres étapes discrètement se succèdent : une bibliothèque à Troyes et à Carpentras, les villes de Baltimore, Paris et Douvres, sans oublier une errance avec un certain M. Claude dans la région Champagne-Ardenne et un “crochet” par la librairie L’Île Mystérieuse. In fine, et pour notre plus grande frustration, seule la bibliothèque souterraine du Cénacle nous sera dérobée…

 
 
Titre du livre : De l'égarement à travers les livres
Auteur : Eric Poindron
Éditeur : Le Castor astral
Collection : Curiosa & caetera
Date de publication : 10/03/11
N° ISBN : 2859208550

 

http://www.nonfiction.fr/article-4576-qui_lit_trop_devient_fou.htm

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