Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Suite à une note d'Elisabeth
J'ai eu envie d'en savoir plus et j'ai lu un hors série de revue d'art tel que celle-ci:
Valtat à l’aube du fauvisme
Lodève, Musée Fleury, du 1er juin au 16 octobre 2011
-
Louis Valtat (1869-1952)
Femme au cabaret ou L’Estaminet, 1896
Huile sur toile - 136 x 191 cm
Angers, Musée des Beaux-Arts
Photo : Musée des Beaux-Arts d’Angers
© ADAGP Paris 2011
Alors que le musée Fleury de Lodève consacre une importante exposition à Louis Valtat (commencée le 2 juin), le musée Paul Valéry, à Sète, présentait (jusqu’au 7 mai) les œuvres de… Louis Valtat. Il n’y a eu apparemment aucune concertation entre les responsables de ces deux manifestations organisées pourtant à quelques kilomètres l’une de l’autre et à quelques semaines d’intervalle. C’est d’autant plus étonnant (mais peut-être ceci explique-t-il cela ?) que Maïté Vallès-Bled, conservatrice du musée de Sète, a été jusqu’en 2009 à la tête du musée de… Lodève, dont l’actuelle directrice, Ivonne Papin, travaillait à l’époque avec elle comme conservatrice adjointe.
Il est bien dommage que les deux musées n’aient pas réussi à s’entendre pour conjuguer leurs efforts, car la plupart des œuvres visibles à Sète, issues notamment de deux importantes collections privées, n’ont pas été montrées à Lodève et réciproquement. Les deux expositions auraient pu au moins se dérouler en même temps et en partenariat. Par ailleurs, deux catalogues ont été publiés. Celui de Lodève reproduit 190 œuvres, mais n’a malheureusement aucune notice ; l’absence d’index et l’agencement thématique assez complexe rendent par ailleurs sa consultation difficile. Pourtant les archives ont été méticuleusement dépouillées pour cette exposition, tandis qu’Ivonne Papin a pisté des tableaux dans des ventes aux enchères et obtenu les prêts de nombreuses œuvres inédites issues de collections privées européennes et américaines, en plus de celles de collections publiques (Orsay, le Centre Pompidou, le musée des Beaux-Arts de Bordeaux...).
Le parcours, à la fois thématique et chronologique, privilégie les années 1892-1914 et met en avant les grands motifs qui ponctuent l’œuvre du peintre. Une première partie intitulée « Fin de siècle » réunit quelques chefs-d’œuvre des années 1892-1896 où perce l’influence de Toulouse-Lautrec (avec qui Valtat collabora pour un décor au théâtre de l’Œuvre) à travers le thème des filles de joie, les unes patientant Sur le boulevard, les autres dans un Estaminet (ill. 1), tableau dont on a trouvé une étude préparatoire dans une collection particulière. Des toiles comme Les Parapluies rouges, Mère et enfant ou La Lecture, très belle peinture du Musée de Bernay, relèvent davantage des recherches esthétiques des Nabis que Valtat a fréquentés.
Une deuxième partie aborde les arts décoratifs : Valtat orna des céramiques d’André Metthey qui furent exposées au Salon d’automne de 1907, puis s’essaya à la sculpture en 1909 et 1910, avant de réaliser en 1922-1923 des cartons de tapisseries pour Aubusson ; il exposa enfin en 1932 Les Mahonias, tapisserie de basse lisse. Certaines toiles révèlent elles aussi le talent décoratif du peintre, marquées par un contraste de couleurs vives et des touches larges, tel le Coin de massifs fleuri dans un jardin de Provence (prêté par les Arts décoratifs de Paris) qui n’est pas sans rappeler les tapisseries de Maillol.
La section consacrée aux dessins (où l’on retrouve le monde du cabaret et du théâtre notamment) et aux estampes est particulièrement séduisante. Bois gravé, lithographie, eau-forte, Valtat expérimenta toutes les techniques et collabora avec les revues de son temps. Une série de dessins aquarellés et de pastels évoque ses séjours à Arcachon (1895-1896) au cours desquels apparut un motif cher à l’artiste, les écaillères d’huitres, comparable au thème des paysannes que Gauguin peignit à Pont-Aven.
-
Louis Valtat (1869-1952)
Les Rochers rouges à Agay, 1903
Huile sur toile - 65 x 81 cm
Collection Fondation Regards de Provence
Photo : Fondation Regards de Provence
© ADAGP Paris 2011
Valtat découvrit aussi la lumière du Sud, d’abord à Banyuls en compagnie de George-Daniel de Monfreid et d’Aristide Maillol en 1894-1895 puis à La Ciotat et à Marseille en 1902. Les vues qu’il peignit sont construites par la couleur et ses touches morcelées relèvent du néo-impressionnisme.
Il voyagea ensuite à Milan et Venise, puis Alger en 1906, dont il rapporta esquisses et tableaux pittoresques. Mais il s’attacha aussi au charme des plages de Normandie, et de Ouistreham notamment, à la poésie du lac du Bois de Boulogne lorsqu’il s’installa avenue de Wagram en 1914, et à la grâce de la vallée de Chevreuse lorsque il acquit en 1924 une propriété à Choisel. Valtat peignit également des natures mortes, parmi lesquelles on retiendra Pomme et tulipes qui s’inspire des recherches cézaniennes, ainsi que des femmes occupées à coudre ou à broder, autre thème cher au peintre qui cherchait à traduire ce monde domestique paisible et clos.
L’exposition s’achève sur Agay et Anthéor, où l’artiste séjourna régulièrement entre 1899 et 1914 ; les rochers rouges d’Agay, motifs qui inspirèrent aussi Georges d’Espagnat ou Guillaumin, constituent une véritable série. Des silhouettes féminines se fondent parfois dans des paysages escarpés ou luxuriants, exprimant une symbiose de l’homme et de la nature. A Anthéor, Valtat côtoya Renoir qui se trouvait à Cagnes et Signac qui habitait Saint-Tropez. Il fréquenta également Théo van Rysselberghe, Henri Edmond Cross et Georges d’Espagnat avec qui il séjourna à Magagnosc près de Grasse. Renoir le recommanda à Vollard qui devint son marchand exclusif entre 1902 et 1911 ; quelque 680 œuvres du peintre furent notées dans l’inventaire après décès du marchand. Il faut dire que si Valtat ne fut guère bavard sur son art, il fut prolifique ; il sombra pourtant dans l’oubli et l’on tente aujourd’hui de le ranger tant bien que mal dans un mouvement ou dans un autre. Les tons purs et les couleurs éclatantes de ses œuvres d’Arcachon encouragèrent certains à en faire un précurseur du fauvisme. Pourtant Georges Duthuit ne l’intègre pas dans son livre de 1949 et dans le catalogue de l’exposition, Claudine Grammont rappelle que les préoccupations de Valtat ne sont pas celles de Matisse ou de Derain : il est loin de l’art tribal et du primitivisme. Ses vues d’Agay en revanche, ont probablement eu un impact sur les fauves, présentant quelques similitudes avec les vues de Collioure de Matisse et Derain.
Valtat se laisse surtout attirer par le néo-impressionnisme comme en témoigne des tableaux tels que Femme au bord de mer(vers 1904) et il expose en 1900 aux côtés de Signac, Luce, Cross, Van Rysselberghe. L’exposition tente d’illustrer ces amitiés et ces affinités artistiques en présentant ça et là les œuvres d’autres artistes comme Maximilien Luce, Georges d’Espagnat, George-Daniel de Monfreid, Henri-Edmond Cross, Aristide Maillol, Armand Guillaumin… Malheureusement leurs peintures dispersées dans le parcours ne sont pas clairement séparées de celles de Valtat ce qui peut provoquer certaines confusions auprès du visiteur distrait.
Collectif, Louis Valtat à l’aube du fauvisme, Editions midi-pyrénéennes, 2011, 350 p., 42 €. ISBN : 9782953760217.
Commissaire général : Ivonne Papin-Drastik. Commissaires scientifiques : Claudine Grammont et Ivonne Papin-Drastik.
Informations pratiques : Musée Fleury, Square Georges Auric, 34700 Lodève. Tél : +33 (0)4 67 88 86 10. Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h, le mardi du 4 juillet au 23 août jusqu’à 22 h. Tarif : 7 € (réduit : 5 €).
Comme j'ai gagné 2 entrées gratuites pour cette expo...