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Catégories : La représentation des bohémiens:art et littérature

Georges Rouault et le cirque

Rouault s’est toujours intéressé aux fêtes foraines et aux clowns. Dans ses tableaux, on sent la misère de ces amuseurs publics que sont les clowns, les acrobates, et les autres personnages du cirque. Ils sont souvent le symbole de la souffrance humaine.


Clown au bandonéon

1906


Acrobate X

1913


Le vieux clown au chien

1925


Ecuyère de cirque

vers 1926


Le clown jaune

1930


Clown assis, Cirque de l'étoile filante

1932


Pierrot (ou Pierrette)

1937 ou 1938


Petite magicienne, Cirque de l'arc en ciel

1948-49


Duo ou Les deux frangins

1948

Visages de clowns (1902-29)

Les clowns sont toujours restés omniprésents dans l'oeuvre de Georges Rouault. Ses autoportraits le montrent portant soit son chapeau d'apprenti, soit un des leurs. Il portera en effet toute sa vie une toque blanche pour travailler. Mais c'est plutôt celle de l'apprenti. Cet autre chapeau est un rêve. L'image qu'il se fait de lui même, quand il quitte son art pour la vie. Plus exactement, le sentiment de la différence entre ce qu'il y donne à voir, et ce qu'il est. Le coté "montre". Alors qu'en son art, il n'y a pas de différence. Tout y est confession, totale franchise.

"Je ne sais peindre autrement" 1, dira-t'il encore en 1951. Il se décrit volontiers comme paysan en son champ, attaché à la glèbe picturale et admirant les clowns, toujours sur les routes. Cette liberté qu'ils ont, c'est celle de changer leur jeu et leur couleur 2, une force de caractère qu'il cherchera et parviendra à donner à son art, surtout avec le Vieux Cirque Forain (1949-56) (L'ahuri, Songe-Creux, Gentil Bernard, Le Hargneux...). [Lettre 166] Dans les premiers clowns, la force de caractère tient encore à une seule note (beharrende Note), plutôt dure. Il trace d'abord à l'aquarelle certains profils de clowns où tout l'avant du visage est pris dans une seule ombre, l'arrière, lui, s'en dégageant parfois puissamment. Pour d'autres clowns, presque de face, ombres tirées en stries enserrent nez et yeux. Il y a souvent dans ces ombres plus encore blessures que traits de caractère.

Puis il peint à l'huile. D'autres clowns. D'autres blessures. L'ombre mordait au clair partout où le visage, creusé, s'ouvre au monde. C'est maintenant, plus souvent le clair tiré sur l'ombre en bandes plus ou moins larges qui en souligne les plats. Les ombres, elles, s'enfoncent plus profond.

Ce n'est plus, comme autrefois, deux mots sur le visage, criés, mais milles nuances qu'il trouve à dire de lui, suivant que le noir apparaisse à un endroit comme tiré sur fond clair, ou l'inverse, qu'un clair apparaisse tiré sur une ombre. Le noir de l'ombre fait, avec les "clairs", des blancs, sans trop y regarder, sans trop faire de détails. Et pourtant, pour celui qui s'y met dans les détails, il ne reste plus un seul blanc: tout au plus des blancs cassés, et autres couleurs très variées. Il faut, pour les remarquer, d'abord être revenu du choc du premier contraste.

Mais ce contraste même est, en fait, traité de façon "colorée": quand le noir est actif, c'est-à-dire visiblement tiré sur les "clairs", il est comme le rouge qui vient vers nous, quand les "clairs" sont actifs, c'est-à-dire tirés sur le noir, ce noir est un bleu qui s'éloigne de nous.

http://www.coiplet.de/art/rouault/franzoesisch.php#clowns

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