Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les parents pourront déconnecter à distance leurs enfants d’Internet
Deux nouveaux logiciels mis au point par une société française permettent aux parents de surveiller à distance les pratiques de leurs enfants sur la Toile.
Les adolescents passent en moyenne deux heures par jour sur Internet, 90 % d’entre eux sont membres d’un réseau social et 80 % jouent à des jeux en ligne
C’est une pomme de discorde fréquente entre parents et enfants : le temps passé par les adolescents sur Internet, en moyenne deux heures par jour, est souvent mal évalué par les parents et nécessite une gestion au quotidien parfois difficile.
En partant de ce constat, la société Adonéom, basée à Sophia-Antipolis, a développé deux logiciels pour surveiller la « consommation Internet » des enfants. Ils sont disponibles depuis lundi 19 mars.
Le premier s’appelle Time Board et décompte le temps passé sur la Toile. Le second, baptisé Mess@ger, limite par simple texto la durée d’utilisation de la machine, l’accès aux jeux, aux réseaux sociaux, ou les trois à la fois. L’enfant peut de son côté gérer son temps de connexion grâce à un tableau de bord l’informant de la durée d’accès autorisée.
Dialogue avec l’enfant
Bernard Krounba, cofondateur de ces logiciels élaborés en collaboration avec des psychologues, avance le principe de « l’autorisation encadrée », qui doit être préparée en amont par un dialogue avec l’enfant.
« On observe deux attitudes : l’interdiction totale, rejetée par l’enfant et les psychologues, ou le laisser-faire et là, c’est l’autoroute vers la dépendance, constate-t-il. Avec cet outil, nous dégageons une troisième voie, fondée sur la confiance, la prévention et l’éducation, qui permet aux enfants de quantifier leur consommation car, quand on joue, on perd la notion du temps. »
Heures de sommeil en moins
Un constat partagé par un conseiller du numéro d’urgence Info Famille Net Écoute, qui aide les parents en difficulté. « Les parents ne savent pas comment limiter la consommation de leurs enfants, notamment des jeux, explique-t-il. En interdisant, ils ont peur de ne plus être aimés et finissent par banaliser des situations anormales », poursuit le conseiller, qui constate que certains jeux sont addictifs. « Certains jeunes de 12 à 16 ans passent des dizaines d’heures par jour sur des jeux en ligne. Ils n’ont plus d’activité sociale et ne s’intéressent à rien d’autre. »
Au-delà de ces cas extrêmes, qui touchent environ 2 % des jeunes joueurs, Xavier Pommereau, psychiatre et chef du pôle aquitain de l’adolescent au CHU Bordeaux, juge ce système de contrôle plutôt satisfaisant.
« On ne peut pas miser sur l’aptitude des ados à se gérer eux-mêmes, ils n’en sont pas capables », estime-t-il. Les spécialistes s’inquiètent surtout du grignotage des heures de jeux sur les heures de sommeil. En effet, 41 % des jeunes joueurs en ligne s’adonnent à cette activité en soirée ou la nuit.
Manque de concentration
La chronobiologiste Sylvie Royan-Parola, qui voit défiler dans son cabinet des adolescents consultant pour fatigue, impossibilité de se réveiller, manque de concentration et/ou irritabilité, diagnostique la plupart du temps chez ces jeunes patients un comportement excessif sur les écrans.
« La privation de sommeil fragilise ces enfants qui sont moins intégrés socialement et dont les performances scolaires baissent, souligne-t-elle. Les écrans ont un effet rémanent : la lumière qu’ils diffusent stimule le système d’éveil et empêche l’endormissement. »
C’est pourquoi elle préconise d’éteindre l’ordinateur au moins une heure trente avant le coucher. Une règle qu’il sera désormais plus facile de faire respecter grâce à ces logiciels car, une fois le temps de connexion autorisé dépassé par l’enfant, l’ordinateur s’éteint automatiquement, sans autre forme de procès.
CATHERINE MONIN