Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
L'écrivain italien Antonio Tabucchi est mort
Le Monde.fr avec AFP |25.03.2012 à 15h22 • Mis à jour le26.03.2012 à 08h07
| ANSA
L'écrivain italien Antonio Tabucchi est décédé à Lisbonne à l'âge de 68 ans des "suites d'une longue maladie", selon des informations communiquées dimanche 25 mars par son traducteur en français, Bernard Comment.
Ce Toscan francophone avait une seconde patrie : le Portugal. Tabucchi était le traducteur et le spécialiste de l'un des plus grands écrivains de ce pays, le poète Fernando Pessoa. Tabucchi était aussi un écrivain engagé, connu en Italie pour son opposition radicale à l'ex-chef de gouvernement Silvio Berlusconi. L'auteur aimait les histoires courtes - "une forme fermée comme le sonnet" - et ses nombreux romans écrits d'une écriture limpide avaient pour sujet des personnages sans envergure dont le destin bascule avec un voyage ou une rencontre.
Né le 24 septembre 1943 à Pise (centre), ce fils unique d'un marchand de chevaux avait fait ses études de lettres et de philosophie en Toscane, avant de voyager en Europe sur les traces de ses auteurs préférés. Au retour d'un séjour à Paris, il déniche Gare de Lyon un recueil signé de Pessoa (1888-1935) qui contient le fameux poème Bureau de tabac. Bouleversé, il se passionne pour le pays de Vasco de Gama, où il rencontrera son épouse et dont il apprendra la langue et la culture pour l'enseigner en Italie.
Mais son premier roman, Place d'Italie (1975) est situé dans son pays natal. Tabucchi y revisite l'histoire de l'Italie à travers ses perdants, en dressant le portrait de trois générations d'anarchistes toscans, depuis la période garibaldienne jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Après plusieurs autres écrits, l'auteur connaît son premier succès hors des frontières avec Nocturne indien (1984).
Ce roman, salué par le Prix Médicis en France et qui a inspiré un film au Français Alain Corneau, raconte le voyage aux allures de vagabondage d'un homme parti à la recherche d'un ami disparu, mais qui poursuit finalement la quête de sa propre identité, comme la plupart des personnages du romancier.
Avec Requiem (1992), une errance à Lisbonne écrite en portugais, puis Pereira prétend (1994), dont la trame se déroule sous la dictature de Salazar, Tabucchi affirme définitivement sa fascination pour sa seconde patrie. Pereira, journaliste catholique dont l'auteur raconte la prise de conscience vers l'antifascisme, deviendra un symbole de la liberté d'information dans le monde entier mais aussi le porte-drapeau de la lutte contre l'arrivée au pouvoir de Silvio Berlusconi en Italie, en 1994. Le roman a été adapté au théâtre.
Dans Tristan meurt (2004), Tabucchi fustigeait l'Italie berlusconienne à travers un vieil homme mourant qui se confie à un ami. Au-delà de la situation italienne, l'écrivain estimait que "la démocratie n'est pas donnée". "Il faut la surveiller et demeurer vigilant", soulignait celui qui a été l'un des membres fondateurs du défunt Parlement international des écrivains (PIE), créé en 1993 pour aider les auteurs cibles de menaces terroristes. Ces dernières années, il avait embrassé la cause des Tziganes, indigné par le sort réservé à cette communauté en Italie.
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