Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Joyce, Leblanc, Woolf... ils entrent dans le domaine public en 2012
Par Guillaume Sbalchiero (LEXPRESS.fr), publié le 05/01/2012 à 13:00, mis à jour à 15:05
Entre ici, Arsène Lupin, où tes aventures pourront désormais inspirer librement tous les créateurs.
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James Joyce, Maurice Leblanc, Virginia Woolf, James Frazer et Henri Bergson sont décédés en 1941, et leurs oeuvres rejoignent le domaine public en 2012. Relisons-les!
Selon la loi française, un auteur "tombe" dans le domaine public 70 ans après son décès. Son oeuvre, dont les droits d'exploitation appartenaient aux héritiers, peut alors être republiée et réutilisée librement par tous. Cette année, c'est le cas notamment pour Henri Bergson, James Joyce, James Frazer, Maurice Leblanc ou encore Virginia Woolf, tous décédés en 1941 - la loi anglaise correspondant en effet à la française. L'occasion de découvrir ou redécouvir des auteurs essentiels.
Henri Bergson (1859-1941)
Publié dans une revue mathématiques à 18 ans, intégrant l'école Normale Supérieure l'année suivante, agrégé de philosophie à 22 ans et docteur ès lettres à 30 ans, le philosophe français Henri Bergson conjugue précocité et rigueur d'analyse. Brillant, il est sans doute davantage qu'un philosophe. Prix Nobel de littérature en 1927, ses fulgurances intellectuelles se doublent d'une plume remarquable. Sur Dieu, la durée, la mémoire ou même le rire (Le Rire, 1929), l'auteur des Deux origines de la morale et de la religion (1932) tisse des ponts entre science et existence. Sans avoir beaucoup publié (quatre ouvrages principaux), l'ancien professeur du Collège de France a marqué de son empreinte le 20e siècle. De Proust à Jankélévitch, de Lévinas à Deleuze, les disciples sont nombreux, et l'admiration toujours vibrante.
James Frazer ( 1854-1941)
Avec Freud, Emile Durkheim, et quelques autres, l'Ecossais James Frazer est l'un de ces auteurs pionniers, dont l'influence dans le champ des sciences humaines, demeure palpable aujourd'hui. Son ouvrage-fleuve Le rameau d'or (2 volumes en 1890, douze volumes entre 1911 et 1915), somme d'observations de terrain et de lectures sur des thèmes aussi divers que la religion, la magie et la mystique, a contribué à élargir les horizons de l'anthropologie religieuse et des études mythologiques. Et bien qu'il fut critiqué, notamment par Wittgenstein ou par Lévi-Strauss, son geste n'en demeure pas moins décisif.
James Joyce (1882-1941)
A la tentation réaliste de la fin du 19e siècle, l'Irlandais James Joyce répond par une plongée abyssale au coeur de la subjectivité humaine. Il observe la psyché, scrute avec précision ses inflexions, ses contradictions, en étudie les carences et les troubles. L'espace narratif, bâti sur une prose foisonnante, ne se donne pas d'emblée. Il faut le conquérir, prendre la peine de suivre les "courants de conscience" (stream of consciousness) de ces figures, comme autant de miroirs dressés devant nous. En ce sens l'auteur d'Ulysse (1922) ou de Finnegans Wake(1939) n'est pas si éloigné de Proust. Dublin ou Combray, la distance géographique ne saurait masquer la proximité des plumes.
Maurice Leblanc (1864-1941)
Si l'histoire ne retient pas toujours le nom de Maurice Leblanc, en revanche son personnage fétiche Arsène Lupin, est connu de tous. Crée d'abord pour le mensuel Je sais tout en 1905, puis publié sous la forme d'un recueil de nouvelles dès 1907, les aventures du gentleman cambrioleur ne cesseront de passionner des millions de lecteurs à travers le monde. Subtil mélange de séduction et de ruse, de mystère et de raffinement, le héros jouit encore d'une popularité indéniable. Ses premières aventures viennent d'être rééditées dans leur version d'origine.
Virginia Woolf (1882-1941)
"Ai-je le pouvoir de rendre la véritable réalité ? Ou écris-je des essais sur moi-même ?" se demandait Virginia Woolf. Fascinée par le pouvoir des mots, sa vie entière ressemble à une interrogation. Auteur plébiscitée, reconnue par ses pairs, elle n'en demeura pas moins parcourue d'angoisses et de doutes. Brisée par la mort d'un père tyrannique, ambiguë quant à ses orientations sexuelles, elle s'imposa dans un monde contraint par les hommes et les convenances. Ses héroïnes, dont Mrs Dalloway reste la meilleure illustration, reflètent à leur manière cette volonté de refuser les normes et les codes ambiants. Féministe, l'auteur de La traversée des apparences (1915) reste une indignée tragique, une insoumise bercée entre révolte et désespoir.