Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
François Busnel a lu Désordre, par Jean-Claude Carrière
Par François Busnel (L'Express), publié le 18/04/2012 à 14:00
Jean-Claude Carrière livre son itinéraire dans le désordre. Un exercice drôle et émouvant. Une éloge de l'éparpillement.
Les livres de commande sont souvent d'insupportables nanars. Vite écrits, grassement rétribués, ils permettent à des auteurs plus toujours à la mode de faire croire qu'ils existent. Bref, ces livres poussifs et sans enjeu sont à fuir. Voici l'exception qui confirme la règle: Jean-Claude Carrière publie un réjouissant abécédaire aux éditions André Versaille, dans lequel il se livre à quelques confidences et à de belles réflexions sur le sens d'une vie.
Une chronique de François Busnel
Dès les premières lignes, Carrière prévient: il aime mieux vivre sa vie que la raconter. On ne lira donc jamais ses "Mémoires" ni son "autobiographie", ces exercices de style où le mensonge et l'accommodement enrobent une existence souvent bien morne. En revanche, voici des fragments, réunis par ordre alphabétique. Ordre? Il faudrait plutôt dire désordre. Tel est le titre, d'ailleurs, choisi par cet homme qui s'appliqua à choisir une vie dans laquelle, justement, on ne choisirait pas. Tout le paradoxe est là, incarné par un Carrière pétillant de malice, vibrant de curiosité, à l'enthousiasme intact: scénariste, dramaturge, romancier, acteur à ses heures, il s'est intéressé à la philosophie, à l'astrophysique, aux sciences du vivant, aux mythologies indiennes... Bref, dans une société et à une époque où la raison nous enjoint de choisir une voie et une seule, il a pris le parti de les emprunter toutes. Il faut du courage pour vivre dans ce désordre, pour ne jamais rester sur l'écume et dans le superficiel. Carrière dit avoir puisé ce courage dans ses rencontres: Luis Buñuel, Peter Brook, Volker Schlöndorff, Pierre Etaix, Jean-Luc Godard, Milos Forman, Louis Malle, Delphine Seyrig ou encore sa femme, Nahal Tajadod. Sans oublier ceux qu'il n'a rencontrés que par la grâce des livres: Balzac, Rûmî, Athanase Kircher et quelques autres irréguliers qui apprennent à penser et à vivre hors des sentiers battus.
Drôle, émouvant, fraternel, cet exercice autobiographique d'une liberté folle fait l'éloge de l'éparpillement. Vertu plus que vice, le désordre apparent d'un itinéraire laisse la place à la plus belle part de l'existence: la rencontre. Pratiquant le zigzag depuis l'enfance (au début des années 1930, dans une maison de paysans où l'on ne trouvait aucun livre), Jean-Claude Carrière s'est beaucoup promené. Il raconte ce qu'il veut, sans nostalgie ni complaisance, avec une force contagieuse qui donne envie de considérer la vie, ainsi qu'il le fait sans doute, comme un sport et un passe-temps.
Je précise que cette article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog