Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Laurent Jalabert joue à fond la carte Thomas Voeckler
Pour les championnats du monde de dimanche, les neuf coureurs de l’équipe de France cycliste courront pour la victoire d’un seul homme, leur chef de file Thomas Voeckler.
Laurent Jalabert (à gauche) et Thomas Voeckler (à droite) en entraînement mardi 18 septembre en vue des Championnats dimanche 23 septembre.
Le sélectionneur Laurent Jalabert explique à La Croix qu’il a choisi ses hommes en fonction de leur capacité à oublier leurs ambitions personnelles.
« Ne me dites pas que c’est un pari risqué, je le sais parfaitement. » À chaque mois de septembre depuis 2009, Laurent Jalabert quitte son maillot de commentateur du Tour de France et enfile le paletot de sélectionneur pour les championnats du monde. « Je suis conscient que mes options sont critiquables, forcément, mais j’ai choisi une stratégie et je m’y tiens » , prévient-il, histoire de désamorcer d’éventuelles critiques sur ses choix de laisser sur le côté de la route des coureurs ayant bien figuré pendant la saison.
« J’en ai assez des petits champions qui ont fait une cinquième place une fois dans leur carrière et qui pensent mériter une place en équipe de France. Pour moi, le meilleur coureur français du moment, le seul capable de gagner, c’est Thomas Voeckler, et j’ai donc construit une équipe pour l’aider lui. »
Coup de collier
Le profil de la course en ligne des championnats du monde qui se déroulera dimanche ne lui donne pas tort. Il s’agit d’un circuit reprenant en grande partie le parcours de la classique Amstel Gold Race et son fameux mur de Cauberg, une côte très dure de 1 km située à quelques tours de roue de l’arrivée.
Or Thomas Voeckler fait partie des rares coureurs au monde capables de donner un coup de collier dans une pente raide sur un temps court. Une caractéristique peu fréquente que ne partagent pas les autres grimpeurs français sélectionnés par Laurent Jalabert, Sylvain Chavanel ou Jérôme Coppel, qu’on désigne plutôt sous le vocable de montagnards « diesel », c’est-à-dire de longue haleine.
Travail d’équipe
Sur les neuf coureurs composant l’équipe de France, huit seront chargés d’amener le neuvième dans les meilleures conditions au pied de ce fameux mur. « Ils sont tous les équipiers d’un seul leader, poursuit Laurent Jalabert. Je les ai choisis autant pour leurs qualités propres ou leur forme du moment que pour leur état d’esprit. »
Une sorte de contrat moral le lie à ses coureurs, prévoyant qu’aucun ne tentera de faire cavalier seul. Pour certains, la question ne se pose pas car ils roulent depuis toujours avec le statut d’équipier. C’est le cas de Vincent Jérôme, homme de confiance de Thomas Voeckler dans sa formation Europcar et choisi par Laurent Jalabert pour cette raison. Ou encore de Mickaël Delage, habitué à jouer les seconds rôles pour son leader Arnaud Démare chez FDJ.
Les autres sont tous des puncheurs de renom, capables de prendre la roue d’une échappée ou de revenir sur des fugitifs dangereux. « De toute façon, quel que soit le plan de départ, ce seront eux qui feront la course en fonction des circonstances, poursuit Laurent Jalabert. Moi, dans la voiture, je ne serai qu’un spectateur lointain. » La France occupant le dixième rang au classement mondial des Nations, la voiture du sélectionneur sera en effet reléguée en dixième position, loin du peloton, c’est-à-dire hors de portée de voix. Et surtout d’oreillette, puisque celles-ci sont interdites au championnat du monde.
JEAN-FRANCOIS FOURNEL