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Catégories : L'économie

Mario Draghi se pose en "Prussien d'Europe du Sud"

 

LE MONDE |25.10.2012 à 12h28

Par Blandine Milcent Berlin, correspondance

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le 24 octobre 2012 à Berlin, a répondu positivement à l'invitation des parlementaires allemands.Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le 24 octobre 2012 à Berlin, a répondu positivement à l'invitation des parlementaires allemands. | REUTERS/THOMAS PETER

Le secrétaire général de la CSU, branche bavaroise du parti conservateur CDU, l'avait qualifié il n'y a pas si longtemps de "faux-monnayeur de l'Europe".

En termes plus mesurés, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, n'a jamais ménagé ses critiques à l'égard de la politique qu'il mène à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) et, dans les sondages, les Allemands ne lui font pas confiance : Mario Draghi a cependant passé deux heures dans la fosse aux lions, de son plein gré, mercredi 24 octobre dans l'après-midi, à Berlin.

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Le président de la Banque centrale européenne, qui avait répondu positivement à l'invitation des parlementaires allemands après leur avoir suggéré de la lancer, est donc venu répondre aux questions de 150 députés, pour la plupart membres des commissions des finances, du budget et des affaires européennes.

"LE TON EST RESTÉ TRÈS CIVIL"

"Le ton est resté très civil", a assuré Joachim Poss, vice-président du groupe social-démocrate (SPD), après la rencontre qui s'est tenue à huis clos. "Cela n'a pas empêché certaines critiques à son encontre, parfois personnelles, notamment sur son rôle à la banque Goldman Sachs pour aider la Grèce à dissimuler son déficit public", a glissé un participant. Mario Draghi n'a pas semblé en souffrir outre mesure.

Devant la presse, après son grand oral, l'Italien a vanté avec le sourire les mérites d'une manifestation "qui a contribué à créer de la confiance", comme s'il comparait les parlementaires allemands aux marchés.

Sur le fond, le président de la BCE a surtout défendu ses programmes illimités de rachat d'obligations, annoncés début septembre, afin d'aider les pays en difficulté de la zone euro à emprunter à des taux plus bas, et qui ont cristallisé les inquiétudes de nombreux députés, surtout dans le camp de la chancelière Angela Merkel.

Ces programmes ne créeront pas de tensions inflationnistes, a expliqué en substance M. Draghi, la BCE dispose de tous les instruments nécessaires pour préserver la stabilité de la monnaie ; ils ne conduiront pas non plus à un financement déguisé des gouvernements.

LA STABILITÉ DES PRIX D'ABORD

Le propos n'avait rien d'inhabituel. La manifestation, en revanche, l'était. En venant ainsi à la rencontre des députés allemands, M. Draghi venait séduire – ou flatter ? – la classe politique de la première économie de la zone euro, avant de nouvelles décisions difficiles concernant la Grèce.

Authentiques ou non, les premières réactions, chez les conservateurs, se voulaient très positives : "Les craintes sur l'inflation ne sont pas fondées ; il a clairement dit que la stabilité des prix était "la" priorité de la BCE", a ainsi martelé Norbert Barthle, porte-parole de la CDU en matière budgétaire, qualifiant son hôte de "Prussien d'Europe du Sud".

Seul l'enfant terrible du parti libéral FDP, Frank Schäffler, eurosceptique notoire, a dénoncé un "beau geste qui ne sert à rien".

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