Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Venise dans l'œil de Guardi
Par Adrien Goetz Publié le 06/12/2012 à 06:00
Installation de Zoe Leonard au Palazzo Grassi, à Venise. L'image du Grand Canal se reflète à l'envers sur les murs blancs d'un des salons. Crédits photo : Matteo De Fina/Zoe Leonard/Galerie Gisela CapitainKöln/Palazzo Grassi
CHRONIQUE - Dans la Sérénissime, deux expositions aident à comprendre le « védutiste ».
Les «védutistes» vénitiens que depuis plusieurs siècles tous les amateurs jugent «lassants», «répétitifs», «faciles», «décoratifs», avec leur éternel Bucentaure, les reflets dans la lagune et les palais peints au XVIIIe siècle pour distraire les touristes anglais, sont redevenus à la mode. Au dernier Salon Paris-Tableau, au Palais de la Bourse, on en proposait de tous formats et de toutes provenances. L'exposition Canaletto du Musée Maillol et sa rivale l'exposition Canaletto-Guardi du Musée Jacquemart-André rivalisent de «coupe-files» et de «prolongations».
Mais la vraie bonne exposition, celle qui propose une solide réflexion d'histoire de l'art et bénéficie des prêts les plus inattaquables en provenance des grands musées, c'est place Saint-Marc, au Musée Correr, qu'elle se tient. L'exposition Francesco Guardi, conçue par Alberto Craievich et Filippo Pedrocco, explore le mythe Guardi, si souvent réduit à sa chambre optique et à ses démonstrations d'agilité. Un cliché qui était déjà solide au XIXe siècle puisque figure à l'exposition un grand tableau de Giuseppe Bertini montrant un Guardi en gilet rose vendant ses petits cadres devant la basilique.
Or Francesco Guardi a été aussi un peintre religieux, un artiste indiscret qui plongeait son regard dans la vie secrète des palais, le créateur de «caprices» tourmentés aux accents romantiques. Ses dessins, en particulier ceux qui viennent du British Museum et du Louvre, permettent d'imaginer le patient travail du peintre des «vedute». Utilise-t-il vraiment un appareil optique comme celui qui a été placé en vitrine? Ou cherche-t-il à recréer, par goût de l'illusion, les effets que ces chambres noires produisaient?
Les vaporetti au plafond
Pour comprendre Guardi, en sortant des salles du Musée Correr et en traversant vite la place défigurée par les bâches publicitaires, une autre exposition, en miroir, montre les jeux avec l'image tels qu'on les pratique aujourd'hui. Il s'agit de l'exposition qui est présentée en ce moment au Palazzo Grassi (François Pinault Foundation), conçue par Caroline Bougeois, «Paroles des images», consacrée à des œuvres en mouvement: cinéma, vidéos, images de téléphone…
À l'étage, Zoe Leonard, Américaine née en 1961, a fermé les volets d'un des salons. Elle y a percé un disque, où elle a placé une lentille. L'image du Grand Canal se reflète sur les trois autres murs blancs. On distingue même la façade de la Ca Rezzonico, le musée du XVIIIe siècle vénitien. Au gré du soleil, l'image, inversée, devient plus précise ou plus floue. Les oiseaux passent. Plusieurs visiteurs s'allongent par terre pour regarder longuement, les yeux perdus. Les bateaux taxis et les vaporetti traversent la pièce à l'envers comme s'ils flottaient le long du plafond à caisson. Un nuage, et l'œuvre s'efface un instant. Zoe Leonard aurait-elle démontré à quel point ces védutistes sont actuels, dans ce monde d'images mouvantes? Grâce à elle, on est entré dans le cerveau de Francesco Guardi et dans la magie de ce dispositif artistique qui s'appelle Venise.
Exposition «Francesco Guardi 1712-1793», Musée Correr, Venise, jusqu'au 6 janvier. Catalogue Skira-Fondazione Musei Civici Venezia, 35 €. Exposition «Paroles des images», Palazzo Grassi, jusqu'au 13 janvier.
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