Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Supplique pour qu'en nos villes survivent les boutiques...
Les magasins de proximité sont menacés par les grandes enseignes et la vente sur Internet. Selon notre chroniqueur Ariel Wizman, cette mutation menace notre cadre de vie.
La semaine passée, Surcouf, l'enseigne emblématique de l'informatique à la portée de tous, l'ami des années "disquette et CD-Rom", avec ses vendeurs habités par le fantôme du circuit imprimé et l'obsession de la carte mère, Surcouf, donc, a fermé toutes ses boutiques. Et, à mille lieues de tout glamour, avec ses promos gueulardes et ses déstockages abrupts, elle licencie 300 personnes - dont les fameux vendeurs, réduits ces dernières années au statut de démonstrateur de machines: ils en notaient les références pour des petits malins qui allaient ensuite les commander sur Internet, à moindre prix. Oui, les machines vendues jadis par Surcouf sont celles-là mêmes sur les claviers desquelles s'organise aujourd'hui sa disparition. Un peu comme ces nouveaux jobs très recherchés, qui consistent à... virer des gens.
On parle de perspectives similaires pour la Fnac, le distributeur culturel militant. Que devient la culture, à l'ère de la musique dématérialisée, de la littérature Kindle, de la poésie Twitter, du Wiki-Dictionnaire et du DVD en streaming ? Alors que Paris se couvre de chaînes, mais surtout de chaînes de boutiques de vêtements, de coiffeurs et de restaurants rapides, que devient la "boutique", élément essentiel de socialité, but de promenade, repère structurant de l'urbanité? Où aller et que voir? Il semble que les rues soient de plus en plus rythmées par une succession de baux "à céder" et de locaux "disponibles". Celui qui parcourt en deux-roues la ville (et la capitale n'est pas la seule touchée) perçoit avec encore plus d'acuité ce malaise, qui parsème le paysage d'avertissements subtils: "Après l'agriculture, l'artisanat et l'industrie elle-même, le commerce est le prochain grand corps malade du post-industrialisme." Au renfort de cette théorie, les faits ne manquent pas: accélération du rythme des faillites, hausse des cotisations pour soutenir les défaillants, problématiques liées au régime social des indépendants, mais surtout tendance des classes moyennes à épargner et modification profonde des dynamiques de consommation.
La mutation du commerce menace notre cadre de vie
Ce problème n'est pas seulement celui des commerçants eux-mêmes - pour lesquels on a tout de même beaucoup de peine -, il n'est pas la nostalgie de la "proximité" ou du savoir-faire, il est la métamorphose funeste de notre cadre de vie. La rue ne peut devenir un lieu anonyme, une voie réservée à la circulation et à l'habitation, un simple couloir bétonné, une "horizontalité anonymée". De même que Téhéran existe par son bazar, Marrakech par ses souks, Londres par sa High Street, Paris doit garder son âme commerçante, elle ne peut laisser ses quartiers se désenchanter, à la manière de ces villes où la marche est si fastidieuse et dangereuse que l'on se résout à ne plus les parcourir qu'en voiture, telles Los Angeles ou... toutes ces cités périphériques françaises, agglomérées autour de géants du bricolage ou du meuble. Ou encore, pis, à la manière de ces centres-villes style Far West, déserts commerciaux, alignements d'enseignes mortes et cadenassées, que l'on trouve au Portugal ou en Espagne.
Nos villes, où les boutiques changent trop souvent pour que l'on puisse encore s'en servir comme points de rendez-vous ou repères d'errance, doivent être protégées dans leur diversité, afin que Paris et les autres n'entament pas un processus irréversible de mutation en banlieues-dortoirs pour riches, émaillées d'enseignes de luxe et de supermarchés "City" pour middle-cadres pressés de rentrer chez eux.
Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure(inspirée par ce que j’aime, donc par ce blog) et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog