Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Une femme aimée, par Andreï Makine
Elle fut la "grande tsarine", se disait "pauvre impératrice", les historiens l'ont baptisée la "Messaline russe" : Catherine II (1729-1796) fascine, deux siècles plus tard, le cinéaste Oleg Erdmann qui a décidé de tourner un film sur la vie de cette personnalité hors norme, née en Poméranie princesse Sophie Augusta Frédérique d'Anhalt-Zerbst et envoyée en Russie à l'âge de 15 ans pour épouser le futur Pierre III. Lequel sera renversé par un coup d'Etat puis tué par les fidèles de Catherine, célèbre pour ses "fringales sexuelles", qui étendra son règne autoritaire, mais aussi éclairé, sur toutes les Russies. Etabli à Leningrad dans un appartement communautaire, Oleg Erdmann veut "tout savoir" sur "cette petite Allemande devenue la Grande Catherine", qui se levait à cinq heures du matin, se frottait alors le visage avec un glaçon, travaillait quinze heures par jour, s'habillait très simplement, prisait du tabac, buvait du café très fort, collectionnait les amants, clamait son "âme républicaine", séduisait les philosophes - de Voltaire à Diderot. Mais Oleg veut surtout sonder le mystère d'une femme défigurée par les clichés, et qui confiera : "Le vrai mal de ma vie, c'est que mon coeur ne peut vivre un seul instant sans aimer..." Alternant les évocations d'un XVIIIe siècle effervescent et d'une Russie moderne cadenassée par ses idéologies, le nouveau roman d'Andreï Makine transcende la simple biographie, même si l'on s'intéresse davantage au destin de Catherine qu'à celui d'Oleg. Reste que l'écrivain parle à nouveau de violence, de liberté, d'amour, avec cette éloquence qui lui est propre, son style érudit et fiévreux, aux accents si slaves.
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