Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Cité de la gastronomie, les internautes ont choisi Lyon
À Lyon, les 14.000 m2 de l'Hôtel-Dieu pourraient être reconvertis en un espace dédié à la gastronomie par le sénateur maire Gérard Collomb. Crédits photo : R. QUADRINI / KR Images Presse/© Rolland QUADRINI
La désignation de la future Cité de la gastronomie anime bien des passions, témoin le vote sur le site du Figaro, qui a réuni près de 9000 réponses…
Vous avez été presque 9 000 à vous exprimer sur la désignation de la future Cité de la gastronomie. Celle-ci était déjà énoncée dans le préambule du fameux «repas gastronomique des Français» inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité. Il s'agit de passer du concept à la concrétisation pour à présent bâtir un lieu physique où cette gastronomie puisse s'exprimer.
Le dossier est complexe. Il présente, après le retrait de Versailles, cinq villes candidates: Lyon, Tours, Beaune, Dijon et Chevilly-Larue sous le label Paris-Rungis.
Jusque-là, tout est simple. Mais la commission a dû composer avec le maillage sensible des intérêts politiques. La direction de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA), présidée par un universitaire, Jean-Robert Pitte, ancien président de l'université de la Sorbonne et spécialiste de la gastronomie française, a dû rentrer dans un maquis clochemerlesque. Ainsi pour la Côte-d'Or, deux villes se disputaient: Dijon avec François Rebsamen, sénateur maire, poussant un dossier rutilant, et Beaune, soutenue par Dominique Loiseau et ses deux restaurants: le Relais Bernard Loiseau (Saulieu) et Loiseau des Vignes (Beaune), épaulée également par le cinéaste Claude Lelouch, lui-même fondateur d'une école privée de cinéma à Beaune.
Lyon, de son côté, était venue plutôt à reculons. Toutes les villes françaises connaissent du reste les mêmes problèmes financiers et, en ces temps de disette, il n'est pas toujours bien vu de s'embarquer dans de hautes dépenses. Elle fit ensuite volte-face.
Pendant plusieurs mois, toutes les rumeurs ont couru sur le choix de la ville, passant par tous les montages et les retraits. Finalement, la commission, au vu des différents dossiers, décide de retenir un socle «fort» autour de Tours, Rungis et Dijon. Quant à Lyon, qui n'est pas pour autant exclue, la partie n'est sans doute pas terminée puisque, d'ores et déjà, le sénateur maire Gérard Collomb entend bien mener sa propre cité de la gastronomie et ce, à l'Hôtel-Dieu, sur une surface de 14 000 m2 avec pour architecte Didier Pellerin.
«Ras le bol de la “muséification” de la France»
Le sondage réalisé par lefigaro.fr semble lui donner raison puisque 57,71 % des votants optent pour la cité rhodanienne. Chacun y va librement de son commentaire. Dejace écrit ainsi: «Où sont tous ceux qui passent leur temps à dénoncer les dépenses superflues de nos politiques? La gastronomie a besoin de chefs, pas de “cité”». Sentiment repris par deryb: «Ras le bol de la “muséification” de la France qui n'offrira bientôt plus aux jeunes que des emplois “Disneyland” dans tous ces musées, ou l'exil vers des pays proposant de vrais emplois. Il serait tellement mieux de dépenser tout cet argent pour promouvoir la mise en avant de la gastronomie au niveau local. Il y a tellement de pépites en France qui ne demandent qu'à être éclairées».
Certains regrettent comme neal59 l'atonie de certaines villes: «La question pour Dijon, c'est que je n'ai jamais senti cette ville mettre en avant la gastronomie. J'ai appris aujourd'hui qu'elle avait été capitale de la gastronomie, il y a un siècle. Mais j'ai le sentiment que, depuis, elle s'était désintéressée de cette question». Quant à dargaud roland, pour lui la question ne fait aucun doute: «Lyon paraît l'évidence même, pourquoi chercher ailleurs? On peut se demander qui a eu cette idée saugrenue d'envisager une autre ville!»
«Un petit bouchon, des gens charmants, voilà LA gastronomie!»
Régulièrement, les commentaires reviennent sur Lyon, témoin ce plaidoyer de CATS1: «Lyon est LA capitale de la gastronomie et je suis parisienne. Sérieusement, il suffit d'aller faire un tour aux splendides Halles de Lyon, d'aller manger dans les excellents restaurants de la région. Et le Bocuse d'or, le plus prestigieux concours de cuisine du monde, vous croyez qu'il a lieu où? Je ne comprends même pas que l'on puisse se poser la question. Toutes les régions françaises abritent des trésors de gastronomie, mais pour moi la capitale de la gastronomie reste Lyon».
Alors que Spectator modère cet enthousiasme: «Franchement, à quoi ça sert de rebâtir encore et encore une espèce de temple de la bouffe qui n'a rien à voir avec LA gastronomie, saupoudré d'un “hôtel de luxe” et tous ces trucs inutiles. Quand on veut bien manger, ce n'est pas la paire de gants blancs du serveur qui décide de la qualité du repas. Ni le prix du repas d'ailleurs. Un petit bouchon, un peu de temps, une ville agréable, des gens charmants, voilà LA gastronomie!»
Maintenant, place à la réflexion de la MFPCA, qui fera connaître sa décision fin avril. En attendant, chacun peut entrer dans ce dossier avec les tenants et les aboutissants sur le site officiel.
Jean-Robert Pitte: «Nous sommes pris par le temps»
Le 11 janvier, la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA) annonçait la mise en œuvre d'un réseau de Cités de la gastronomie. Son président, Jean-Robert Pitte, nous apporte son éclairage.
Cinq villes se sont portées candidates pour héberger la Cité de la gastronomie. Comment se fait-il qu'aucune ne soit sortie du lot?
Le projet implique un montage financier très complexe. Et aucune, effectivement, n'a présenté de dossier suffisamment complet.
Pourquoi, dans ce cas, n'avoir pas repoussé votre décision?
Nous sommes pris par le temps. En 2015, l'Unesco vérifiera l'avancement des initiatives suite au classement du repas gastronomique français. Si nous n'engageons pas un projet, nous pourrions perdre le label.
Votre décision n'est-elle pas contradictoire avec l'ambition initiale de créer «une» Cité de la gastronomie?
Nous n'avions aucun a priori. Le Louvre ne se trouve-t-il pas à la fois à Paris, à Lens et à Abu Dhabi? Le réseau permettra de développer les complémentarités et points forts de chacun des sites. D'autres villes pourront se greffer à ce socle. Toutes les provinces ont vocation à mettre en valeur le patrimoine gastronomique français. A contrario, si un site prenait à la longue le leadership, il n'y aurait pas d'objection.
Justement, Lyon semblait bénéficier d'une légitimité naturelle. Pourquoi l'avoir évincée?
Le dossier était bâclé! La municipalité ne s'est absolument pas investie. Malgré son entregent et son activisme, je n'ai jamais rencontré le maire, Gérard Collomb. Quant au groupe Eiffage, avec lequel s'est associée la ville pour aménager l'Hôtel-Dieu, il nous avait promis de nombreux documents ; nous n'en avons jamais vu la couleur.
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