Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La mort de Balzac
La Mort de Balzac
est un ensemble de trois sous-chapitres initialement destinés à figurer dans La 628-E8 de l’écrivain français Octave Mirbeau, en novembre 1907, et retirés au dernier moment, à la prière de la fille octogénaire de Mme Hanska, la comtesse Mniszech[1]. La Mort de Balzac a été publié par Pierre Michel et Jean-François Nivet en 1989, aux Éditions du Lérot, puis en 1999, aux Éditions du Félin. Une première édition séparée des trois sous-chapitres avait précédemment paru en 1918 sous le titre de Balzac, « Aux frais d'un amateur », et le tirage en était limité à 250 exemplaires. Des rééditions ont paru en 2011 chez Sillages et en 2012 à la République des Lettres et aux Éditions de l'Herne.
Ce petit volume comprend trois chapitres : « Avec Balzac », « La femme de Balzac » et « La mort de Balzac » proprement dite, qui a suscité un vif scandale. Dans le premier chapitre, Mirbeau romancier exprime la plus vive admiration pour Balzac, non seulement pour le créateur de l’épique Comédie humaine, mais aussi pour la vie prodigieuse qu’a menée cet « homme extraordinaire » et ce « prodige d’humanité ». Certes, on peut lui reprocher bien des faiblesses, des naïvetés et des contradictions, mais sa vie a été tellement « énorme, tumultueuse, bouillonnante » qu’on ne saurait la soumettre « aux règles d'une anthropométrie vulgaire » ni « l'enfermer dans l'étroite cellule des morales courantes et des respects sociaux » : « Nous devons l'accepter, l'aimer, l'honorer tel qu'il fut. Tout fut énorme en lui, ses vertus et ses vices. »
Le deuxième chapitre fait l’historique de la très longue liaison de Balzac avec Éveline Hanska et met en lumière le malentendu rédhibitoire qui la minait par avance. Pessimiste sur ce qu’il est convenu d’appeler “l’amour” et qui n’est à ses yeux qu’une grossière et destructrice illusion, Mirbeau dégage « la double méprise » de leurs « exaltations amoureuses », qui devait inéluctablement entraîner leur « double chute ».
Dans le troisième chapitre, l’auteur prétend s’appuyer sur un récit que lui aurait confié oralement le peintre Jean Gigoux, dans l’atelier de Rodin, pour faire le récit controuvé de l’agonie de Balzac : il aurait été abandonné, mourant, dans sa chambre et voué à une décomposition rapide, pendant que son infidèle épouse recevait son amant Jean Gigoux dans une chambre voisine. Bien sûr, les spécialistes de Balzac se sont scandalisés et ont crié à la calomnie. Mais peu lui chaut, à Mirbeau, de respecter une inaccessible “vérité” historique. Car ce qui lui importe, c’est de souligner une nouvelle fois l’incommunicabilité régnant entre les deux sexes, séparés à tout jamais par un « abîme infranchissable », et de se venger, à travers la trahison de Mme Hanska, de sa propre compagne, l’ancienne actrice Alice Regnault, qui allait à son tour le trahir ignominieusement au lendemain de sa mort[2], comme si le romancier en avait eu le pressentiment.