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J'ai adoré voir "La ronde de nuit" à Amsterdam

J'ai regardé en DVD:"La ronde de nuit" de Peter Greenaway

 

On l'avait perdu, depuis quelque temps, dans les méandres d'un de ces projets insensés qu'il est le seul (ou presque) à concevoir aujourd'hui : la fausse bio­graphie d'un escroc, apparu au tout début de sa carrière et revenu ensuite périodi­quement dans son oeuvre, comme un fil d'Ariane.­ Les Valises de Tulse Luper - à la fois film et jeu vidéo - se proposait en 2003, tel un gigantesque jeu de piste, de partir à la recherche de quatre-vingt-douze va­lises, disséminées par le bandit à travers le temps et le monde. Pour ce que l'on en a vu (une première partie présentée à Cannes), ce fouillis révélait un Greenaway en roue libre et en plein trip égotiste.

Le voilà calmé, qui revient à ses premières amours : la peinture. Calmé, mais aussi frappé qu'avant. Ainsi, à propos de la célèbre Ronde de nuit que Rembrandt peint en 1642 (un portrait de groupe de la milice civile d'Amsterdam), relève-t-il, avec le soin maniaque qu'on lui connaît, tous les éléments qui autorisent une lecture au ­second degré. Dix-huit, pour être précis. Ça va du plus simple (pourquoi un per­son­nage porte-t-il cette tenue visiblement satanique ?), au plus compliqué (cinquante-sept autoportraits de Rembrandt révèlent qu'il était astigmate de l'oeil gauche, mais ici, c'est le droit qui semble l'être : pourquoi ?). En passant par le plus ambigu : l'ombre « très démonstrative », selon Greenaway, de la main d'un personnage s'étale sur le ventre d'un autre. Est-ce une provocation d'ordre sexuel ?, s'interroge le cinéaste.

Passée à la moulinette de son inventive paranoïa, La Ronde de nuit devient, peu à peu, comme l'était Meurtre dans un jardin anglais, il y a vingt-cinq ans, une sorte d'enquête sur les apparences. Un polar-puzzle qui prétend dévoiler les véritables intentions de Rembrandt : menacer les notables de la ville, coupables d'un meurtre impuni. Et justifier une machination dont il aurait ensuite été victime...

Bien sûr, comme à son habitude, Greenaway nous gratifie, à jets continus, de son immense culture, au risque de passer pour un cuistre exaspérant. Et il n'évite ni les longueurs, ni les complexités inutiles. Mais on retrouve intact son sens de l'es­pace théâtral, de la composition picturale et de l'onirisme coloré. Bref, même si ce n'est encore qu'à 75 %, Greenaway is back ! Et c'est une excellente nouvelle.


http://www.telerama.fr/cinema/films/la-ronde-de-nuit,331570,critique.php

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