Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
François Guérif : les confessions du dernier parrain du polar
En bonus à ces entretiens, Guérif offre la liste de ses 100 polars préférés. © 2013, Éditions Payot & Rivages
LE COIN DU POLAR - Dans un recueil d'entretiens, Du Polar, publié chez Payot, l'éditeur d'Ellroy revient sur une vie passée à broyer du noir.
Nom: Guérif. Prénom: François. Date de naissance: 16 novembre 1944. Profession: éditeur depuis trente-cinq ans. Spécialité? Roman policier. Faits d'armes? A exhumé les œuvres de David Goodis et de Jim Thompson alors que les Américains ne savaient même plus qu'elles existaient. A permis à Donald Westlake, Elmore Leonard, Robin Cook et d'autres pointures de découvrir leurs romans dans des traductions dignes de ce nom et non plus amputées, défigurées, caviardées par la maison mère, la «Série noire», celle de Marcel Duhamel. Guérif n'est pas un redresseur de torts. C'est un fou de littérature et de cinéma. Une encyclopédie sur pattes. Un homme qui a du flair.
À la fin des années 1970, l'édition parisienne ne jurait plus que par la SF, lui croit à l'avenir du polar. Si les collections qu'il lance (Red Label, Fayard Noir, Engrenage International) ont une durée de vie limitée, il ne renonce pas pour autant. Comme s'il savait, au fond de lui, qu'un jour ses efforts seraient payés de retour. En 1986, le moment est arrivé. Edouard De Andreis, patron des Éditions Rivages, lui donne carte blanche. La collection «Rivages/Noir» est née. Vingt-sept ans plus tard, elle compte plus de 900 titres, français et étrangers. Cette collection, c'est la caverne d'Ali Baba. Partout des diamants, des rubis.
Un découvreur
Quand il ne réédite pas les merveilles oubliées, Guérif débusque de nouveaux auteurs. Tout le monde sait aujourd'hui qu'Ellroy, c'est lui. Que Dennis Lehane, c'est lui. Que David Peace, c'est lui. Comme Guérif est un homme chaleureux derrière ses allures de grizzli, ses auteurs l'apprécient et le lui montrent. Ellroy lui parle d'Eddie Bunker et de Jack O'Connell ; Robin Cook de Ted Lewis, Paco Ignacio Taibo II de Chavarria. Dans les années 1990, Ellroy fait la publicité de Guérif aux États-Unis et Donald Westlake réussit en 1997 à lui faire décerner le Ellery Queen Award du meilleur éditeur: du jamais-vu pour un frenchy! Guérif évoque ses amis disparus. La liste est longue. Léo Malet, Frédéric Dard, Jean-Patrick Manchette, Robin Cook, Michel Lebrun. Tony Hillerman, Eddie Bunker, Janwillem Van de Wetering, Joseph Hansen, Marc Behm ont aussi quitté le navire
Rivages. Guérif, lui, continue. Écoutez-le parler des livres de James Lee Burke, de Daniel Woodrell, de David Peace, et vous comprendrez pourquoi il est toujours là tandis que les concurrents s'essoufflent et que la «Série noire» a baissé pavillon en 2005 pour ses soixante ans. Sa profession de foi tient en deux phrases: «Le rôle de l'éditeur, c'est d'abord de bien lire une œuvre, puis de savoir la défendre. De savoir faire partager son enthousiasme, et de la respecter, cette œuvre.» Simple comme bonjour! En bonus à ces excellents entretiens menés par Philippe Blanchet, Guérif offre la liste de ses 100 polars préférés. Comme aurait dit le regretté Robin Cook: «Merci Patrwon!»
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