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Vivre avec les animaux au XVII e siècle

Petit Palais/Roger-Viollet

"Dans la République des Pays-Bas, au XVIIe siècle, négociants et bourgeois accèdent au rang de mécènes et de commanditaires et peuvent affirmer leur goût pour un certain réalisme et pour des thèmes picturaux liés au monde profane et quotidien, comme les scènes de genre, le paysage et les natures mortes. Afin d’attirer les clients dans ce marché ouvert où la concurrence est sévère, de nombreux artistes hollandais commencent à se spécialiser dans des sujets particuliers : scènes paysannes et de tavernes, paysages et marines, fleurs et fruits, vues de villes ou d’intérieurs d’églises.

Le trait le plus distinctif de cette floraison originale est l’immense popularité de la peinture de paysage, au sein de laquelle se développe, comme une sous-division, la peinture animalière : celle-ci - en définissant son propre réalisme et en conquérant son autonomie - va s’avérer riche d’avenir.

Héritière en quelque sorte du Moyen Age et de ses « Bestiaires », la génération maniériste – à son apogée dans les années 1580/1610 - avait élu des thèmes comme Orphée charmant les animaux, Le Paradis terrestre ou L’Entrée dans l’arche, pour faire figurer dans un schéma  préétabli toutes sortes d’espèces animales, même exotiques.  Parallèlement à ces compositions complexes et artificielles, existaient des représentations animales minutieuses et figées, traitées dans l’esprit des cabinets d’histoire naturelle : descriptions dans la veine des observations « zoologistes » d’un Léonard de Vinci ou d’un Albrecht Dürer.  

Les artistes travaillant entre 1620 et la fin du siècle – Paulus Potter, Adriaen van de Velde, Nicolaes Berchem, Karel Dujardin ou Philips Wouwerman - abordent le paysage incluant des animaux d’une façon à la fois plus souple et plus naturelle : chevaux, bovins, moutons et chèvres sont observés avec attention dans leurs particularités et placés dans leur cadre de vie – champs et prairies -, leur pelage reflétant la lumière naturelle du plein-air. Représenté immobile ou en mouvement, l’animal est toujours doté d’une vie charnelle et le spectateur croit le voir brouter, se reposer ou s’apprêter à hennir ou à cabrioler.

Œuvre phare de ce nouvel art animalier, Le Taureau de Paulus Potter, peint en 1647 (Mauritshuis), s’offre comme le « portrait » monumental d’un jeune animal et défie ainsi la hiérarchie des genres : la théorie artistique avait en effet placé la peinture animalière au bas de l’échelle hiérarchique, juste avant la nature morte, tandis qu’au sommet trônaient la Peinture d’histoire et le Portrait.

Présent comme aquafortiste dans la collection Dutuit, Paulus Potter (1625-1654) révèle un art sensible et délicat dans son évocation des bovins ou des chevaux  (Différents Chevaux, suite de cinq  estampes, 1652), parvenant à un accord subtil entre l’animal et la nature.

Très bien représenté également dans la collection Dutuit, Nicolaes Berchem  (1620-1683) place avec bonheur son bétail et ses mules dans des paysages italianisants, empreints d’une douceur élégiaque (Muletier et Bergère avec un bétail près d’une fontaine). Il sait aussi se montrer un fin et patient  observateur comme dans ses Etudes de brebis à la pierre noire.

Peintre extrêmement doué et fécond,  Adriaen van de Velde (1636-1672) – l’un des maîtres du paysage hollandais du XVIIe siècle – fut également un dessinateur hors pair comme en témoigne – entre autres - sa magnifique sanguine, Vache broutant et deux brebis.

Deux œuvres en pendant de Dirck Bergen (1645 –vers 1700), Bœuf se frottant le cou à un arbre et Bœuf dans l’eau agacé par un chien, montrent chez cet élève d’Adriaen van de Velde une véritable empathie pour le comportement animal.

L’art de Philips Wouwerman (1619-1668), virtuose de la peinture équestre, est représenté par une belle feuille,  Le Manège : dessin d’un cheval monté effectuant une ruade. Wouwerman reproduisit ce motif en l’inversant dans le Marché aux chevaux, toile conservée au Musée Fabre de Montpellier.

Cette exposition d’un choix de dix-sept dessins et gravures de la collection Dutuit illustre l’apport incontestable de ces artistes du Siècle d’or hollandais dans la création d’une peinture nouvelle, la peinture animalière, qui aura ses prolongements aux XVIIIe et XIXe siècles."

 Par Sophie RENOUARD de BUSSIERRE, conservateur général du patrimoine

 

Commissaire: Sophie Renouard de Bussierre, Conservateur général du patrimoine

http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/vivre-avec-les-animaux-au-xviieme-siecle

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