Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Une vitrine consacrée au "style Liberty
La grande vitrine ouvrant la salle 65, au niveau médian du musée d'Orsay, est désormais entièrement consacrée à l'Art Nouveau italien, connu sous le nom de "style Liberty". Elle rassemble un ensemble unique, récemment enrichi par des acquisitions de premier ordre.
Au début du XXe siècle, les arts décoratifs sont en Italie les héritiers d'une grande tradition artisanale et artistique, et ils se font les interprètes du désir de progrès d'une nation venant de trouver son unité. L'Art Nouveau, connu dans sa version italienne comme "style Liberty ou "art floréal", s'affirme à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Turin en 1902 : les grands créateurs de meubles, notamment Eugenio Quarti, Ernesto Basile, Carlo Zen et Carlo Bugatti, y exposent leurs oeuvres.
Leur goût pour les lignes sinueuses inspirées des formes de la nature, aux accents parfois exotiques, se rapproche des tendances répandues dans l'Europe entière, tout en gardant une originalité particulière. En témoigne avec éloquence la chaise dessinée par Carlo Bugatti pour l'une des pièces complètement décorées qu'il présente à Turin. Cette "salle de jeux et de conversations" reproduisait à l'échelle humaine une coquille d'escargot, dont le nom "camera a chiocciola" (chambre "escargot"). D'autres créateurs italiens recherchent des formes d'expression nouvelles et originales. Le bureau de Federico Tesio, qu'il conçoit pour sa villa sur le Lac Majeur, à Dormelletto (Novara), où il installe son élevage de chevaux pur-sang, demeure comme un épisode unique et, en même temps, une oeuvre-phare du "Liberty" italien.
De même le grand panneau de l'artiste vénitien Vittorio Zecchin Les mille et une nuits est l'un des exemples les plus importants de la peinture décorative italienne au début du XXe siècle. Il faisait partie d'un cycle de onze panneaux réalisé en 1914 pour la salle à manger de l'Hôtel Terminus de Venise.
Le fastueux cortège de princesses et de guerriers qui rendent hommage à l'épouse d'Aladin offre l'occasion de déployer un chromatisme somptueux, dont la valeur décorative est soulignée par l'utilisation des dorures en pastille. L'influence de Klimt y est particulièrement évidente, mais elle est néanmoins déclinée dans un langage qui tire ses origines de la tradition vénitienne, des oeuvres de Vivarini, des mosaïques et des vitraux de la ville lagunaire.