Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Fric-frac : des impostures de l'art contemporain
Excellente enquête, dans le dernier numéro du magazine Capital, sur ces temples de l'inculture que sont les fonds régionaux d'art contemporain (Frac). Créés comme il se doit par Jack Lang, ils reposent sur l'idée, au premier abord sympathique, en réalité fallacieuse, que l'art contemporain étant «difficile», trop «audacieux» pour être compris d'entrée de jeu par «la populace abrutie» (Kandinsky), il devait être subventionné par l'argent public. Fadaise de gauche biaisée à la racine, erronée dans son principe même, mais qui plus est consternante de bêtise et de snobisme dans les applications auxquelles elle donne lieu la plupart du temps. Bien entendu, elle fut plébiscitée par les artistes sans art et sans talent: au lieu d'avoir à convaincre un public, ils ont pu se contenter, souvent grâce au copinage, d'écouler leurs productions indigentes aux frais du contribuable. Je ne le dis pas à la légère: je vais en donner dans un instant quelques exemples particulièrement accablants. Mais revenons un instant encore sur l'idéologie qui sous-tend ces Frac: ils reposent sur cette mythologie avant-gardiste selon laquelle le génie étant par nature «en avance sur son époque», donc forcément incompris en son temps, il faut l'aider jusqu'à ce que son art rencontre enfin le public mérité. Pourtant, la réalité historique contredit de part en part cette conception élitiste, pour ne pas dire stalinienne, d'une «aile marchante» inspirée par des «guides géniaux» tirant le chariot de la «masse récalcitrante» (Kandinsky encore). La vérité, c'est que, en dehors d'une très courte période et d'un «modernisme» exacerbé propres au seul XXe siècle, les artistes véritables et les écrivains les plus authentiques n'ont jamais été des marginaux, méconnus et miséreux. Picasso lui-même, qu'on l'aime ou non, fut de son vivant une incomparable star, plus riche et adulée que Mike Jagger ou Marilyn Monroe.