Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Jean-Michel Atlan sort de l'oubli
Atlan: Calypso III (1958), estimé entre 200 000 et 300 000 €. Crédits photo : Drouot
Vingt-deux œuvres de cet artiste de la seconde école de Paris seront vendues le 27 mai
Redécouvrir Jean-Michel Atlan. Retrouver l'œuvre de cet artiste né il y a cent ans à Constantine (Algérie) et mort en 1960 à Paris, qui «a été un peu mis de côté», regrette Étienne-Irénée Brun, l'un des deux experts, avec Roberto Perazzone, de la vente qui va lui être consacrée le 27 mai à Drouot. Sous le marteau de Vincent de Muizon, de l'étude Rieunier & Associés, vingt-deux huiles, estimées 1,5 à 2 millions d'euros, seront dispersées. Toutes proviennent de la collection de sa sœur, Camille Atlan, décédée en octobre. «L'ensemble couvre les années 1954-1958, période durant laquelle Atlan a atteint sa maturité», affirme le commissaire-priseur.
Ce sont des labyrinthes de couleurs vives, de rouges, de bleus, de verts, de jaunes ceints d'épais contours noirs évoquant des vitraux. «Atlan avait une manière très particulière de travailler, souligne l'expert de la vente. Il prenait des toiles de jute, un peu grossières, avec lesquelles il jouait. Il utilisait un peu d'huile, mais surtout beaucoup de pigments, le fusain, et le graphique. Puis il habillait la toile, mais pas complètement, laissant une réserve. Ce sont des œuvres qui doivent être brutes, sans vernies.»
Un peintre abstrait ou figuratif? L'expert voit dans ses origines pieds-noirs la source de son inspiration dans l'art africain, l'ésotérisme, la kabbale. «Ce qui l'intéressait, c'était les formes», souligne Étienne-Irénée Brun. Lui-même n'entra pas dans le débat avec ses contemporains, Poliakoff, Vieira da Silva, Soulages, refusant l'étiquette d'une école ou d'un style. «Les formes qui nous
Composition (1954), estimée entre 30 et 40 000 €. Crédits photo : Drouot
paraissent les plus valables tant par leur organisation plastique que par leur intensité expressive ne sont à proprement parler ni abstraites, ni figuratives», disait-il, assumant son isolement. «C'est mon destin d'abandonner les routes trop publiques, car quand les sauterelles arrivent il vaut mieux planter sa tente ailleurs. Et la mode en peinture fait bien plus de ravages que les sauterelles» écrivait Atlan dans Lettre aux amis japonais en 1959.
Ce qui n'empêcha pas la reconnaissance de son vivant, avec notamment une rétrospective à la galerie Charpentier en 1955 et une exposition à la galerie Bing en 1956. Depuis la vente, en 1993, de 18 œuvres à Drouot pour une valeur moyenne de 70 000 euros pièce, ce peintre philosophe très franco-français est resté en marge du marché. Ses toiles ont du mal à trouver preneur en salle des ventes. Mais l'artiste est soutenu en galerie, notamment par la parisienne Applicat-Prazan qui le représente. Lors de la prochaine vacation, le lot phare est Calypso III, 1958 (estimé 200 000 à 300 000 euros), qui faisait partie de la rétrospective du Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1963. Le commissaire-priseur indique que Sotheby's présentera Calypso II lors de sa vente impressionniste et moderne du 6 juin à Paris, «une étude de notre tableau» s'enorgueillit-il.
Vente le 27 mai à 15 h à Drouot-Richelieu .» Le catalogue de la vente sur Le Figaro Enchères
La rédaction vous conseille :