Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Zara, H&M, Mango ... 31 géants de la mode signent un accord pour la sécurité au Bangladesh
Des manifestants devant le siège de Gap, à San Francisco, le 25 avril. Crédits photo : JUSTIN SULLIVAN/AFP
Cet accord, qui engage les enseignes sur cinq ans, garantit la mise aux normes des usines. De quoi améliorer leur image et sécuriser leurs approvisionnements dans un pays à main-d'œuvre low-cost
Les géants de la mode tirent les leçons de la catastrophe du Rana Plaza. Trois semaines après l'effondrement de cet immeuble abritant des ateliers de confection textile, qui a fait plus de 1200 morts au Bangladesh, 31 d'entre eux ont signé un accord de cinq ans pour améliorer la sécurité dans les usines de leurs sous-traitants. Cet accord, pour lequel un ultimatum était fixé mercredi à minuit, est l'initiative des syndicats IndustriAll et UNI Global Union, qui représentent 70 millions de travailleurs au Bangladesh et dans 139 autres pays.
«Les entreprises qui ont signé doivent être applaudies», a réagi ce jeudi Jyrki Raina, secrétaire général d'IndustriALL. «Nous n'allons pas fermer la porte aux marques qui décideront de rejoindre l'initiative après la date butoir», a-t-il assuré, en précisant toutefois que les retardataires «n'auront aucune influence sur les décisions qui auront déjà été prises». Philip Jennings, secrétaire général d'UNI Global Union, s'est félicité d'un accord qui «marque un tournant» en imposant des règles qui «mettent fin à la course au rabais au sein de la chaîne de production mondiale». L'association des droits des travailleurs Worker Rights Consortium déplore cependant que l'accord ne couvre pour l'instant qu'un peu plus de 1000 usines sur les près de 5000 du pays.
Les deux leaders mondiaux de l'habillement, l'espagnol Zara et le suédois H&M ont rallié le mouvement, aux côtés notamment de Primark, Tesco, C&A, Benetton, Marks & Spencer, Arcadia (Topshop), Mango ou encore Carrefour. «Le drame oblige tous les acteurs présents dans le pays à s'engager par des moyens supplémentaires», a déclaré le distributeur français, dont la marque Tex se fournit au Bangladesh et qui est à ce jour la seule marque française à avoir signé l'accord. Le groupe assure qu'il n'a eu «aucune relation commerciale avec les entreprises en activité dans l'immeuble effondré». À Paris, la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a annoncé mercredi avoir saisi une instance «afin de clarifier les responsabilités des entreprises françaises potentiellement concernées par le drame».
Certaines enseignes ont préféré ne pas signer
PVH (Calvin Klein, Tommy Hilfiger) et le distributeur allemand Tchibo ont soutenu cette démarche bien avant le 24 avril. L'idée de l'accord «Bangladesh Fire and Building Safety» est de diligenter des inspections dans les usines et d'en publier les résultats, afin d'obliger les propriétaires à rénover, avec l'aide financière des marques. «Cet accord est contraignant, ce qui est une grande avancée, selon Fanny Gallois, du collectif Éthique sur l'étiquette. Dès qu'une entreprise signe, elle s'expose à des poursuites si elle ne respecte pas ses engagements.»
Craignant sans doute des poursuites, certaines enseignes et marques ont préféré ne pas signer l'accord. Elles estiment mener de leur propre chef une action suffisamment efficace. C'est le cas d'Auchan, dont des vêtements à sa marque, In Extenso, ont été retrouvés dans les décombres de Rana Plaza. Le groupe, qui dispose de son propre code éthique depuis 1997, étudiait encore mercredi les termes de l'accord. De même pour le japonais Fast Retailing (Uniqlo). Gap a justifié son refus en expliquant qu'il aurait accepté de s'engager sans la clause contraignante… Wal-Mart, dont des produits étaient confectionnés dans l'immeuble effondré, a souhaité indemniser les victimes, mais sans s'impliquer dans une démarche collective.
Ces entreprises ont tout intérêt à améliorer les conditions de travail des ouvriers bangladais. Il en va de leur image autant que de leur compétitivité. Bon nombre d'entre elles ont en effet réduit leur dépendance vis-à-vis du textile chinois en raison de la montée des salaires. Ils restent en revanche beaucoup plus modestes au Bangladesh, avec un minimum à 37 dollars mensuels. Une commission gouvernementale vient de se créer pour les augmenter. En 2010, leur niveau avait déjà été relevé de 80 %. Devenu le deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine, le Bangladesh ne peut se passer du textile, qui pèse 80 % des exportations.