Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Anne-Marie Couderc : Presstalis retrouve un modèle économique stable
«Ce plan de transformation a fait l'objet d'un accord de financement entre Presstalis, les éditeurs et l'État», explique Anne-Marie Couderc. Crédits photo : FRANCOIS BOUCHON
INTERVIEW - Après une année 2012 très difficile, marquée par des grèves à répétition, Presstalis donne le coup d'envoi de son plan de départs portant sur 950 personnes. La présidente de la première messagerie de presse détaille les réformes sociale et industrielle du groupe. L'objectif est de revenir à l'équilibre en 2015.
LE FIGARO - Où en êtes-vous dans la réforme sociale de Presstalis?
Anne-Marie COUDERC. - Nous venons de finaliser toutes les procédures sociales nécessaires pour la réforme industrielle portant à la fois sur le siège de Presstalis, les centres de province et de la région parisienne. Le plan de refondation de Presstalis, que nous avions arrêté fin 2011 et qui prévoyait le départ de près de 950 personnes, avait provoqué de graves tensions sociales de l'automne 2012 au début février 2013. Cela avait conduit l'État a nommé un médiateur, Raymond Redding, pour résoudre la crise. À l'issue de cette médiation, il a été convenu de ne pas procéder à des départs contraints. Nous avons signé avec les organisations syndicales un accord de mobilité et un accord sur les modalités d'accompagnement social. Ce plan prévoit pour chaque départ l'indemnité conventionnelle plus une indemnité extra-conventionnelle de 3 mois de salaire et un congé de reclassement de 9 mois. Pour les salariés les plus âgés, l'indemnité extra-conventionnelle est portée à 6 mois et le congé de reclassement à 12 mois. Ce plan s'ouvre la semaine prochaine pour une durée d'un mois. Nous estimons qu'environ 500 personnes pourraient en 2013 être concernées par ce plan. La deuxième phase du plan sera mise en place en 2014.
Cette médiation a-t-elle conduit à un surcoût financier et reporte-t-elle l'objectif d'arriver à l'équilibre des comptes en 2015?
Ce plan de transformation a fait l'objet d'un accord de financement tripartite entre Presstalis, les éditeurs et l'État le 5 octobre 2012, avec un objectif très clair: le retour à l'équilibre en 2015. Cet objectif sera tenu! Le coût social du plan était initialement estimé à 120 millions d'euros. Le surcoût à l'issue des négociations ne devrait pas dépasser 13 millions d'euros sur la totalité du plan. Il sera pris en charge par Presstalis, les éditeurs et l'État conformément à l'accord tripartite. En 2012, Presstalis a perdu 14 millions d'euros en résultat d'exploitation; en 2013, la perte devrait être réduite à 6 millions d'euros, l'année 2014 devrait se terminer à l'équilibre, et nous pourrions dégager un léger bénéfice en 2015. Ces chiffres tordent le cou à l'idée selon laquelle Presstalis perdrait 3 millions d'euros par mois. La vérité est plutôt 500.000 euros par mois en moyenne.
Quels sont les termes de la réforme industrielle de Presstalis?
Le plan de refondation de Presstalis, arrêté en 2011, propose pour la première fois de revoir totalement le modèle économique et les structures de coûts de Presstalis. Nous allons restructurer nos dépôts en province pour les regrouper dans cinq régions administratives avec sept plates-formes de traitement régional des publications. Dans le même temps, nous regroupons sur le seul centre de Bonneuil le traitement national des magazines dans un centre géré par Geodis. En 2012, nous avions déjà réalisé 40 millions d'économie. De 2010 à 2015, nous aurons réduit nos coûts de 180 millions d'euros, soit près de 40% de baisse par rapport à 2009. Cela permet de nous adapter à une baisse de notre chiffre d'affaires qui devrait atteindre 35% sur cette période. En 2011, nous avions conçu ce plan sur des hypothèses pessimistes de réduction des ventes aux numéros de la presse, qui se confirment.
Les syndicats vous reprochent d'externaliser la distribution de la presse?
Nous avons poursuivi notre démarche d'externalisation du traitement des magazines. En revanche, ce n'est pas le cas pour la distribution des quotidiens nationaux, qu'il nous faut collecter chaque jour dans 18 lieux d'impression, répartir dans 136 dépôts à travers la France, puis acheminer dans 28.000 points de vente. Dans un temps très contraint et dans toutes les conditions climatiques, 550 véhicules circulent pour distribuer les journaux! Il faut gérer également des flux informatiques et des flux financiers complexes. Presstalis dispose de ce savoir-faire. Il y a deux ans, quand la question de la survie de Presstalis était posée, les éditeurs de quotidiens avaient étudié une distribution alternative en s'appuyant sur les réseaux de la presse quotidienne régionale (PQR). Cette solution a été abandonnée. Maintenant que Presstalis est en bonne voie de redressement, nous étudions avec la PQR des solutions de mutualisation sur le dernier kilomètre jusqu'aux points de vente. Nous pourrions trouver un accord rapide avec certains groupes de PQR et nous sommes en discussion avec d'autres.
Presstalis est-il toujours au bord du dépôt de bilan?
En 2012, nous avons fait face à une série de chocs difficiles à absorber sur les plans financier, social, judiciaire et aussi commercial: la perte de la distribution des encyclopédies, le départ du Point et d'une partie des journaux des groupes Marie-Claire et Mondadori. Mais le management de Presstalis s'est battu sur tous les fronts et a continué à porter le projet de réforme. En 2013, nous avons lancé la refondation de Presstalis, géré le conflit social, et nous mettons en place un modèle économique plus stable. Il nous permet de redevenir compétitifs face à notre concurrent. Nous sommes désormais en situation de reconquérir des clients, même si nous avons encore devant nous beaucoup de travail pour finaliser le redressement de Presstalis.
Comment repartir de l'avant?
Une fois que Presstalis aura mis en œuvre un modèle économique stable et pérenne, nous avons une belle carte à jouer, car nous disposons d'un savoir-faire exceptionnel dans la distribution de produits et d'un réseau extrêmement dense de 28.000 points de vente. Nous avons notamment vocation à distribuer tous les produits culturels, comme le livre. Nous avons déjà des discussions dans ce sens, et les produits pourraient être disponibles chez les diffuseurs de presse. Pour ces derniers, cela permettra d'augmenter à la fois leurs revenus et la valeur de leur fonds de commerce. À terme, la distribution de ces produits culturels devrait représenter près de 20% de notre chiffre d'affaires.
- Préc
Relay : «La SNCF est consciente de l'intérêt de la presse»Paris Première et LCI : le piège du gratuit
- L'auteur
- Sur le même sujet
- Réagir (1)
- Partager
Partager cet article
Anne-Marie Couderc : Presstalis retrouve un modèle économique stable
INTERVIEW - Après une année 2012 très difficile, marquée par des grèves à répétition, Presstalis donne le coup d'envoi de son plan de départs portant sur 950 personnes. La présidente de la première messagerie de presse détaille les réformes sociale et industrielle du groupe. L'objectif est de revenir à l'équilibre en 2015.
< Envoyer cet article par e-mail - Imprimer
Ses derniers articles