Michel De Jaeghere - Directeur de la Rédaction du Figaro Hors-série

 

"C'est la plus belle ville du monde. Une féerie étourdisaante qui, des palais du Grand Canal aux ruelles désertes de Cannaregio et des splendeurs de la Basilique Saint-Marc aux joyaux méconnus de ses dizaines d'églises et de campi, n'en finit pas de nourrir la rêverie. Elle a connu la puissance des Doges qui l'a menée de Constantinople à Alexandrie et de Lépante à Corfou. Elle a recueilli en son sein la plus extraordinaire pléiade de l'histoire de l'art : Bellini, Carpaccio Giorgione, Titien, Tintoret, Véronèse, Tiépolo... Elle fut, de Montaigne a Morand et de Stendhal à Hemingway, le salon littéraire le plus fréquenté des quatre derniers siècles. Monteverdi y a inventé l'Opéra, Vivaldi y était maître de la chapelle, Verdi y a composé La Traviata et Rigoletto, et c'est à bord d'une gondole qu'à la nuit tombée, Wagner y fit son ultime promenade.

Il y a sept ans pourtant, ce décor de rêve est devenu un cauchemar : en une nuit, le Fenice, l'opéra qui avait résonné des plus belles voix de l'art lyrique, est partie en fumée. Et c'est tout la ville qui a manqué d'être incendiée. "C'est comme si toute l'imagerie véhiculée depuis cent ans sur la mort de Venise soudain, avait pris corps", témoigne Paolo Costa, le maire de la ville. Il inaugura devant un public venue du monde entier une Fenice entièrement restaurée, reconstruite à l'identique dans une ville dont la topographie transforme tout chantier en prouesse technique. Avec la volonté de faire de cet exploit le symbole des ambitions retrouvées d'une cité qui, décidément, a choisi de ne pas mourir.

Six mois après celui que nous avons consacré à Saint-Pétersbourg, Le Figaro a décidé de dédier à cette occasion son dixième hors-série à Venise. Servi par une somptueuse illustration (plus de cent cinquante photos exclusives), il retrace l'histoire de la ville, du transfert des cendres de Saint-Marc en 828 aux derniers jours de la République Sérénissime et de l'évasion de Casanova de la prison des plombs à nos jours. Ecrivains, peintres et critiques d'art se sont mis dans les pas de leurs prédécesseurs pour nous guider dans les itinéraires les plus innatendus. Des reportages retracent l'épopée de la restauration de la Fenice, comme celle de la lutte de toute une ville contre les dérives du tourisme de masse et les dangers que représentent les hautes marées qui menacent de la détruire. Jean d'Ormesson, Pierre Rosenberg, Pierre-Jean Rémy, Philippe Beaussant, Stéphane Denis et Giandomenico Romanelli, le directeur du palais des Doges, se sont joints aux rédactions du Figaro et du Figaro Magazine pour faire de cette nouvelle édition du Figaro hors-série la plus belle des invitations au voyage et à la lecture."