Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
VAN GOGH à Arles et Saint-Rémy
Vincent Van Gogh Tableaux et œuvres Biographie Van Gogh à Arles
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A Arles et à Saint-rémy de Provence, Vincent Van Gogh ira chercher le soleil de la provence. Il y rencontra une certaine hostilité et eut de la peine à y trouver des modèles.
Van Gogh, possédé de la passion de peindre en couleurs franches et dans la clarté, s'est livré à Paris à l'étude des coloristes. Il a accompli sur lui-même le travail voulu, pour réaliser le passage de la peinture noire à la peinture claire. Mais quand il entre dans une voie, il s'y engage à fond. Aussi, pour obtenir des œuvres aussi éclatantes que possible, il ira peindre dans un pays où l'éclat du soleil lui permettra de porter à leur suprême puissance les couleurs de sa palette.
Il est passé des Pays-Bas à Paris. Il y trouve déjà plus de lumière, mais elle est toujours insuffisante. Il lui faut encore s'avancer vers le soleil. Dans les dispositions où il se maintient, rêvant du Japon qu'il s'est représenté comme le pays de la couleur, de la lumière, de la beauté par excellence, il s'y fût sans doute rendu, si ses ressources le lui eussent permis. Mais il vit dans la gêne. Il dépend de son frère Théodore, il ne subsiste que des secours qu'il en reçoit. Ce frère dévoué le garde chez lui depuis qu'il est à Paris, faisant un sacrifice assez facile à supporter, mais qui sera autrement lourd quand Vincent en viendra à abandonner la vie commune, pour mener au loin une exsistance séparée. Dans ces conditions, le choix, comme lieu de séjour, parmi les pays de grand soleil, devra porter sur celui qui sera le plus aisément accessible de Paris, afin de réduire autant que possible les frais, et le pays qui s'offre ainsi est la provence.
L'attention de Van Gogh dut être tout d'abord attirée sur la Provence par les toiles lumineuses que Claude Monet avait rapportées d'une ville située dans son voisinage immédiat, de Bordighera, où il était allé peindre en 1884. Van Gogh n'a pu manquer de les voir dans le magasin du boulevard Montmartre, où son frère Théodore tenait les œuvres des peintres impressionnistes admis par la maison Goupil et particulièrement celles de Claude Monet. Van Gogh a dû encore se sentir attiré vers la Provence par la gratitude qu'il doit à Monticelli, un véritable Provençal, un Marseillais, auquel il a emprunté lorsqu'il s'est épris de la couleur. C'est donc en Provence, à Arles, qu'il ira chercher le soleil. Il a dû choisir Arles, en particulier, pour les mêmes motifs qui lui avaient fait choisir la Provence elle-même : Arles est en effet, des grandes villes provençales, la moins éloignée de Paris. Par son site elle offre, d'ailleurs, des avantages à un peintre. Elle est en plein dans la région des oliviers, voisine de la Méditerranée, sur un grand fleuve, le Rhône, près des terres singulières d'aspect de la Crau et de la Camargue.
Van Gogh quitte Paris et arrive à Arles en février 1888. Emile Bernard qui a été en correspondance suivie avec lui, pendant son séjour à Arles, dit qu'il fut loin d'y être bien accueilli, qu'il y rencontra une certaine hostilité, qu'il eut de la peine à y trouver des modèles. (1) Rien de moins surprenant. Il n'y connaissait personne et y tombait, si l'on peut dire, comme un aérolithe. Les Arlésiens voient tout à coup apparaître un homme d' aspect singulier. C'est un étranger, venu du nord, blond-rouge de barbe et de chevelure, aussi différent d'eux que possible. Il est vêtu avec une négligence qui le rapproche des gens du peuple. Il est dans la gêne. Il se montre obligé à une extrême économie. Il vient pour exercer un art dont il ne tire apparemment aucun profit. Que peuvent bien en penser les Arlésiens? Ils n'ont encore jamais vu du peintre s'établir dans leur ville. Il n'existe pas d'artistes parmi eux, pour leur expliquer qu'on puisse travailler d'une façon désintéressée à la poursuite d'un idéal. C'est pourquoi tous ont dû d'abord le regarder avec étonnement et beaucoup n'ont pu s'empêcher de le tenir en suspicion, de voir en lui un être au moins énigmatique.
Dans les conditions où Van Gogh se trouve à Arles, il y vivra replié sur lui-même. Il n'aura de relations avec aucun des habitants bien placés. Il ne s'inquiète point de rechercher leur société. Il ne se tiendra en rapports qu'avec cette sorte de gens qui pourront lui être utiles : hommes et femmes du peuple qui gracieusement voudront bien lui servir de modèles ou qui, de par leur condition, se contenteront pour poser du faible salaire qu'il peut leur donner.
Les individus de l'ordre le plus élevé qu'il peindra pendant son séjour à Arles sont un facteur de la poste, Roulin, et un sous-lieutenant de zouaves, Milliet, qui a le goût du dessin, qui posera pour lui et en recevra en compensation des leçons de dessin. Les relations avec le sous-lieutenant, qui quitte Arles assez promptement, furent de courte durée, mais elles se prolongèrent avec le facteur, qui finit par éprouver pour le peintre un véritable attachement. Van Gogh a peint Roulin plusieurs fois dans son uniforme. Il a peint aussi sa femme et a exécuté d'après elle la composition qui s'est appelée la Berceuse. Il a encore peint les enfants Roulin. Pour les tableaux de l'Arlésienne, la femme en costume local d'Arles, qui a servi de modèle, c'est une dame Ginoux, dont le mari tenait près de la gare un café où Van Gogh se rencontrait précisement avec Roulin.
Il s'est logé, à son arrivée à Arles, dans un restaurant. Il y vit sur le pied de cinq francs par jour, qu'il fait bientôt réduire à quatre. Après il a loué à une extrémité de la ville, sur la place Lamartine, une petite maison, une bicoque, composée de quatre pièces, deux au rez-de-chaussée et deux à un premier étage. Elle a été peinte en jaune à l'extérieur, sous sa direction; les murs à l'intérieur sont badigeonnés à la chaux. Il nous a donné un croquis de la maison, un dessin et deux tableaux à l'huile de sa chambre à coucher. Le mobilier n'est pas luxueux. Un lit de bois blanc, deux chaises de paille du même bois et une petite table servant de support à une cuvette et à un pot à eau. Il a meublé de même manière la seconde chambre de son premier étage, pour pouvoir y loger un ami, et a laissé vides les deux pièces du rez-de-chaussée, qui lui serviront d'atelier et de dépôt.
Il va, ainsi établir, s'absorber dans son travail. Il est toujours prêt à affronter la solitude et la manque de bien-être, s'il le faut, pour se livrer à une poursuite d'ordre élevé. Il reprend donc à Arles, dans d'autres conditions, mais d'une façon aussi spontannée, la vie austère à laquelle il s'est une première fois soumis, lorsque, quittant famille et amis, il est allé dans le Borinage évangéliser les mineurs. C'est un homme pour lequel les soucis d'ordre matériel, les préoccupations du succès dans une carrière, la recherche du bien-être n'existent pas.
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(1) Lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard, page 16.
Extrait de Van Gogh Théodore DURET (Edition définitive) 1924 - Bernheim-Jeune
DURET, Théodore (Saintes, 1838 ~ Paris, 1927)
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