Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Picasso et Bâle : une histoire d'amour
Picasso dans son atelier de de Mougins, en décembre 1967. Crédits photo : Kurt Wyss
En réunissant les chefs-d'œuvre des collections privées suisses, le Musée des beaux-arts de Bâle permet d'évoquer les principales conquêtes du plus révolutionnaire et du plus prolifique des artistes du XXe siècle.
Ce n'est pas une rétrospective, mais ça y ressemble… Les collections suisses sont si fournies en œuvres de Picasso que leur réunion au Musée des beaux-arts de Bâle permet d'évoquer les principales conquêtes du plus révolutionnaire et du plus prolifique des artistes du XXe siècle. Quand les huiles manquent, sont installées à même niveau aux cimaises des encres, des crayons, des gravures ou bien sont posées des sculptures.
Brillent ici, parmi 160 pièces, dont 72 huiles, la (période bleue, 1901), Les Deux Frères (rose, 1906), des esquisses et études pour Les Demoiselles d'Avignon, deux papiers collés aussi importants, Le Poète(cubisme analytique, 1912), plusieurs femmes au chapeau des années de guerre (avec une des plus terribles, Femme qui pleure, aux larmes grosses et acérées comme des aiguilles à tricoter). Ou encore un grand Nu couché jouant avec un chat, grisaille de 1964 et variation truculente de toutes les Olympia de l'histoire de l'art, doublée de rondeurs rubéniennes et d'une pénombre rembranesque. Au cœur du parcours, trois Arlequins font perdre la tête.
Lequel séduit le plus entre le cubiste, le néoclassique ou le camaïeux de rose et de bleu de 1923? Parmi les sculptures, on repère une tête de Fou. Personne ne savait au juste où était passé ce bronze de 1905, sans doute conservé au port franc ou dans le coffre d'une demeure voisine.
Avec l'intégralité de ses 32 chefs-d'œuvre, le principal prêteur est la Fondation Beyeler, créée par le légendaire galeriste bâlois. Mais dès avant la Seconde Guerre mondiale au moins quatre collections significatives étaient constituées. Elles ont largement enrichi le Kunstmuseum qui, lui-même, avait procédé à des achats d'estampes dans les années 1920, puis s'efforçait d'acquérir des toiles depuis 1950.
Carnaval cubiste
Un autre lien permet de comprendre l'histoire d'amour entre Bâle et le Minotaure. En 1967, le crash d'un avion de la Global Air entraîne la faillite de cette compagnie suisse. Son actionnaire principal se voit contraint de vendre ses Picasso. La ville s'en émeut, car les toiles sont bien connues des habitants. Et le conseil cantonal propose 6 millions de francs suisses pour les acheter. Las: il en faut 8,4 et nombreuses sont les voix estimant que c'est un luxe. On procède donc -spécificité suisse- à une votation. Le référendum penche pour l'acquisition. Manquent tout de même encore 2 millions.
Qu'à cela ne tienne: le 25 novembre 1967, les étudiants organisent un carnaval cubiste pour réunir les fonds. Ce fut une belle fête, un peu un prologue au mois de mai de l'année suivante, et une réussite. Les photos de cet événement figurent dans une vitrine. On y voit des pancartes «All we need is Pablo» portées à bout de bras. De Mougins, Picasso fut touché et, reconnaissant envers cette population qu'il n'avait jamais rencontrée, offrit une toile historique, deux récentes et un célèbre dessin préparatoire pour Les Demoiselles d'Avignon.
Jusqu'au 21 juillet. Catalogue (en anglais) Musée/Hatje Cantz. Tél.: + 41 61 206 62 00.www.kunstmuseumbasel.ch
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