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Pierre Moscovici, l'équilibriste

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Pierre Moscovici lors de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les conditions de la démission de Jérôme Cahuzac, le 16 juillet dernier.

Pierre Moscovici lors de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les conditions de la démission de Jérôme Cahuzac, le 16 juillet dernier. Crédits photo : FRANCOIS BOUCHON/ Le Figaro

DÉCRYPTAGE - Pierre Moscovici a rappelé vendredi que le gouvernement mettait en œuvre tous les instruments pour poursuivre les investissements stratégiques, monter en gamme et conquérir de nouveaux marchés.

«Le ministre de l'Économie souffre d'une légère insolation.» L'ancien titulaire du portefeuille budgétaire à Bercy, Éric Woerth, n'a évidemment pas manqué d'ironiser ce week-end sur l'annonce concomitante, dans une interview accordée par Pierre Moscovici à Nice-Matin, d'une révision à la baisse de la prévision de croissance de la France pour 2013 et d'une sortie de la récession du pays. «Un paradoxe», comme l'appelle le député UMP.

Pierre Moscovici est en fait contraint à un exercice d'équilibriste d'un genre rare: le 14 juillet, lors de son intervention à la télévision, François Hollande annonçait à des millions de téléspectateurs que «la reprise» était là. Les jours qui suivaient, il faisait de ce thème le point central de ses déplacements sur le terrain. Six visites aux quatre coins du pays au cours desquelles il a fait assaut d'optimisme sur le redémarrage de l'économie. Pas question, donc, pour son ministre de l'Économie de le contredire… Mais en même temps, le locataire de Bercy sait mieux que quiconque la fragilité de la situation économique de la France en ce moment - en témoignent les mauvais indices de conjoncture publiés la semaine dernière et les messages d'inquiétudes qu'il reçoit de certains chefs d'entreprise. Il sait aussi que la crédibilité de la politique tient dans la crédibilité de la parole! Bref, il est contraint à un grand écart entre la ligne du chef de l'État et ce que les chiffres montrent. Ainsi, il a joué la mauvaise foi, la semaine dernière, en mettant l'accent sur la progression de la production trimestrielle dans l'industrie - et non pas sur le recul du mois de juin. Avant d'assortir immédiatement cet optimisme d'une mise en garde: «Cette évolution favorable doit encore être confirmée pour dessiner une tendance durable.»

L'annonce du chef de l'État le 14 juillet dernier est un vrai désastre en termes de calendrier ; pour ne pas donner le sentiment d'un exécutif en total décalage avec la réalité, le ministre de l'Économie a finalement choisi - plutôt habilement - de solder l'année 2013. La croissance ne sera pas au rendez-vous, nous voilà prévenus - et autant que cela soit su dès maintenant, cinq mois avant la fin de l'année calendaire.

Cap sur 2014 donc. Une échéance qui n'oblige encore à aucune «acrobatie» de langage… Pierre Moscovici a ainsi rappelé vendredi que le gouvernement mettait en œuvre tous les instruments (Banque publique d'investissement, crédit d'impôt compétitivité, politique de filière, etc.) pour «poursuivre les investissements stratégiques, monter en gamme et conquérir de nouveaux marchés». «2014 sera la première année de croissance véritable depuis trois ans», répète à l'envi le ministre ces derniers jours. Les Français, qui ont désormais bien compris qu'il fallait faire une croix sur 2013, aimeraient que, cette fois-ci, ce soit vrai…

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/08/11/20002-20130811ARTFIG00137-pierre-moscovici-l-equilibriste.php

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