Le gouvernement britannique s'engage à fond en faveur du gaz de schiste, alors que des militants se mobilisent pour tenter d'empêcher la reprise de l'exploration.

David Cameron a apporté lundi son soutien total à la technique controversée de fracturation hydraulique de recherche de gaz souterrains, dans une tribune publiée dans la presse. La Grande-Bretagne, estime-t-il, «raterait une opportunité formidable d'aider ses familles à payer leurs factures et de rendre notre pays plus compétitif» si elle «ne soutenait pas cette technologie». Il a précisé souhaiter cette exploration à travers tout le pays, «nord ou sud, conservateur ou travailliste», pour faire mentir une rumeur selon laquelle l'exploration serait cantonnée aux régions défavorisées du nord du pays.

Pas de consensus politique

À la fin du mois dernier, c'est dans un bastion conservateur du West Sussex, au sud de Londres, que s'est concentré le combat des opposants au gaz de schiste. Le village de Balcombe se mobilisait contre les travaux de forage de la société Cuadrilla, qui a commencé à creuser un puits de 975 mètres dans l'espoir d'y trouver des hydrocarbures. Seize manifestants ont été arrêtés. Soutenus par quelques personnalités, dont Bianca Jagger, l'ex-épouse du chanteur des Rolling Stones, ils protestaient contre les dangers de ce type d'exploration, qui avaient conduit à un moratoire en 2011 après une série de secousses telluriques dans le Lancashire. La société anglo-améri­cano-australienne Cuadrilla avait reçu dès 2007 une licence pour mener les recherches dans le nord du pays. Elle vient d'obtenir une nouvelle autorisation expérimentale.

Encouragé par les résultats américains, le gouvernement britannique veut capitaliser sur la recherche. Selon un rapport récent du British Geological Survey, les ressources en gaz de schiste dans le nord de la Grande-Bretagne seraient deux fois plus importantes qu'une estimation précédente des réserves dans l'ensemble du pays - ce qui représenterait l'équivalent théorique d'un siècle de consommation.

Le taux d'imposition sur la production sera réduit à 30%

Pour le chancelier de l'Échiquier, George Osborne, ce serait une «vraie tragédie» de laisser passer la «révolution énergétique». Il a annoncé la mise en place du régime fiscal «le plus généreux» au monde pour encourager la recherche. Le taux d'imposition sur la production sera réduit à 30%, contre 62% sur l'exploration pétrolière et gazière conventionnelle. Les exploitants se sont engagés à verser 100.000 livres (116.000 euros) aux communautés situées près de chaque forage. 70.000 emplois pourraient être créés.

Les États-Unis ont réussi à réduire leur dépendance énergétique et leurs tarifs du gaz grâce à la fracturation hydraulique. Mais les Britanniques restent divisés et on est un loin d'un consensus politique sur la question. Interrogé à plusieurs reprises, mardi, le porte-parole de David Cameron a refusé d'indiquer s'il accepterait des forages dans sa circonscription de l'Oxfordshire.