Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Arthur Rimbaud à Java : le déserteur de Salatiga
LE MONDE | 17.08.2013 à 10h48 • Mis à jour le 17.08.2013 à 21h10 | Par Bruno Philip (Salatiga, envoyé spécial)
Série d'été : Ecrivains en Orient extrême... 6/6.
Mais qu'est-ce qui lui a pris à l'Arthur ? Pourquoi le grand contempteur de l'ordre établi, l'anar ado, le pourfendeur des "assis", le supposé communard "de coeur", est-il devenu, certes brièvement, mais tout de même, mercenaire d'une armée coloniale ?
Etait-il saoul, Rimbaud, quand, un jour à Bruxelles, en 1876, à la légation néerlandaise, il s'engage comme mercenaire pour le compte des Pays-Bas ? Veut-il fuir "l'Europe aux anciens parapets" ? Peut-être. La destination est lointaine : les Indes néerlandaises, l'Indonésie d'aujourd'hui.
Le mystère de cet enrôlement reste entier. Presque. Mais les faits sont là et, comme d'habitude, ils sont têtus. Jean-Jacques Lefrère, qui a livré une biographie du poète épaisse et très documentée, est clair là-dessus : les archives javanaises au temps des Hollandais ont gardé la trace d'un "matricule 1428, nommé Jean Nicolas Arthur Rimbaud, né le 20 octobre 1854 à Charleville, fils de Frédéric Rimbaud et de Marie Catherine Vitalie Cuif, mesurant 1,77 m, a été admis au bureau colonial de recrutement le 19 mai 1876 "en qualité d'engagé volontaire comme soldat pour six ans à partir de la date d'embarquement" et a reçu une prime de 300 florins, soit 750 francs or".
Rimbaud le troufion, c'est quand même dur à avaler. Rimbaud à Java, osons la métaphore, serait-ce une "saison à l'envers" ? Toujours est-il que le poète, qui a totalement cessé d'écrire, s'en va ...
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