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Ce vice puni, la lecture. "Le Rire du grand blessé", de Cécile Coulon

LE MONDE DES LIVRES | 22.08.2013 à 14h54 • Mis à jour le 22.08.2013 à 17h12 | Par Catherine Simon

 Cécile Coulon.

Drôle de numéro : 1075 est un jeune homme sans nom, un plouc analphabète - ce qui est l'idéal pour les pauvres types de son espèce, nés en périphérie de la ville, dans une de ces "campagnes en décomposition", qui servent de vivier au tyran. Ce dernier, baptisé "Le Grand", a trouvé un moyen pour maintenir la dictature : interdire à ses sujets le libre accès aux livres. L'apprentissage de la lecture devient tabou.

Ceux qui ne savent pas lire du tout, comme 1075, héros du nouveau roman de Cécile Coulon, Le Rire du grand blessé, sont chargés de surveiller ceux qui peuvent encore déchiffrer quelques lettres. 1075 devient le meilleur des flics-mercenaires. Jusqu'au jour où... Inutile de déflorer l'intrigue. L'essentiel, c'est que ce roman-là soit de la science-fiction. Et que ce drôle de numéro, inventé par une jeune femme au bagage livresque impressionnant, en rappelle un autre, titre phare de l'après-guerre : 1984, de George Orwell (Gallimard, 1950). Description féroce d'un monde totalitaire, 1984 inventait, parmi d'autres outils à briser les consciences, un "Commissariat aux romans", chargé de fabriquer des ersatz de livres, stupides et bon marché.

Sous le joug du Big Brother de 1984, comme dans l'univers-étouffoir du milicien 1075, il y a "de la peur, de la haine, de la souffrance", mais "aucune dignité dans l'émotion (...), aucune complexité dans la tristesse", dixit Orwell. "Les chocs des larmes et les rugissements...

http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/08/22/ce-vice-puni-la-lecture_3464638_3260.html

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