Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
George Clooney et les aventuriers de l'art perdu
De gauche à droite, John Goodman, Matt Damon, George Clooney, Bob Balaban et Bill Murray sur le tournage de Monuments Men. Crédits photo : Claudette Barius
L'acteur termine son nouveau film, « The Monuments Men », sur le sauvetage des œuvres dérobées par les nazis. Rencontre avec une star au travail.
Bad Grund, au sud-ouest de Goslar, en Basse-Saxe, au cœur du massif du Harz, en Allemagne. Quarante-troisième jour de tournage de The Monuments Men, cinquième film de George Clooney comme réalisateur. La veille, le 6 mai, il a fêté ses 52 ans. Il est 11 h 25 et le voici qui déboule au camp de base, moustachu et fringant, en jean et sweat à capuche bleu marine. Un large sourire aux lèvres, il lance un «Willkommen!» de circonstance, assorti d'une solide poignée de main. Il vient de mettre en boîte la première scène du jour et s'inquiète de la pluie qui pourrait compromettre le prochain plan dans les heures à venir.
Adapté du best-seller de Robert Edsel, The Monuments Men (Éditions JC Lattès) raconte l'extraordinaire chasse aux trésors d'un groupe d'experts, réunis à l'initiative du général Eisenhower et sous l'égide du président Roosevelt. Leur mission: retrouver les milliers d'œuvres d'art confisquées par les nazis sur ordre d'Hitler. «Je suis attiré par des projets hors normes, explique Clooney. Et j'ai toujours eu envie de faire un film sur fond de Seconde Guerre mondiale, comme ceux que j'aime: Le Train, de John Frankenheimer, La Grande Évasion, de John Sturges, ou Un pont trop loin, de Richard Attenborough. L'histoire de ces monuments men est vraiment unique. Ces hommes n'étaient pas des super-héros, mais, pour la plupart, des quinquagénaires, voire plus, débarqués en 1944 sur les plages de Normandie et livrés à eux-mêmes dans leur quête. Personne ne voulait les aider. Je filme en format anamorphique pour donner une dimension épique. Le rythme sera soutenu, pimenté de moments cocasses, comme dans Les Douze Salopards ! Souvent, dans les périodes tragiques, l'humour reste le seul antidote. Il était important d'incorporer cet élément, sans pour autant négliger action et suspense, ni bien sûr trahir la mémoire de ce commando pas comme les autres.»
Pour le casting, Clooney et Grant Heslov, son producteur de longue date (ils sont amis depuis trente ans), ont appliqué leurs critères habituels. «Réunir un groupe d'acteurs de compagnie agréable, pas compliqués et avec lesquels nous nous entendons bien, ce qui facilite tout.» John Goodman, Bill Murray, Bob Balaban, Hugh Bonneville ont répondu à l'appel. «Pour convaincre Matt Damon, plaisante Clooney, nous lui avons simplement dit qu'il serait la star du film!»
«Je regrette de ne pas parler français»
Cate Blanchett incarne une résistante française en poste au Musée du jeu de paume. Le personnage est inspiré de la vraie Rose Valland, grande résistante qui recensait en secret les œuvres dérobées, ce qui a facilité leur restitution après-guerre. Sans oublier - cocorico! - Jean Dujardin, dont le personnage est calqué sur Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux à l'époque. «Il est formidable, vous verrez, promet Clooney. Tellement bon que j'avais envie de le supprimer dès sa première scène! C'est un excellent imitateur: il a imité tout le monde. Je regrette de ne pas parler français car il est hilarant. Je crois que nous serions bons copains si nous parlions la même langue.»
Les vrais noms des monuments men ont été changés. «Pour avoir plus de liberté d'en faire des personnages moins parfaits et idéalisés», justifie Clooney, qui incarne Frank Stokes, alias George Stout, conservateur en chef du Fogg Museum de Harvard. C'était le véritable chef de file du réseau, un homme remarquable. Mais, pour des raisons dramatiques, je lui ai attribué quelques défauts.» Matt Damon, quant à lui, est James Granger, inspiré de James Rorimer, conservateur au Metropolitan Museum de New York. «Je m'estime assez calé sur l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, explique l'acteur, engoncé dans un uniforme délibérément mal ajusté. Mais j'ignorais tout des monuments men avant que George me demande de faire partie du projet. Ce que j'ai appris m'a fasciné.»
Une mine en partie désaffectée sert de décor à la séquence du jour, dont l'action est censée se passer vers avril 1945. C'est la réplique idéale de celle d'Altaussee, en Autriche, où, dès 1943, avaient été entassés environ 10 000 chefs-d'œuvre, comme l'inestimable Adoration de l'Agneau mystique des frères Van Eyck ou la Madone de Bruges de Michel-Ange, tous volés à des musées ou à des collectionneurs juifs. Le Führer les destinait à son projet mégalo de musée à Linz, dont il voulait faire une capitale culturelle. Certaines œuvres ont été reproduites pour les besoins du film. «La Madone de Michel-Ange a nécessité plusieurs mois et le résultat est fabuleux», commente Clooney.
Météo capricieuse
Alors que son directeur de la photo ajuste le cadre, l'acteur-réalisateur donne quelques directives pour un plan large. Les GI sont dans leurs marques, arme au poing. Tous sont des figurants allemands. Devant l'entrée de la mine, trou béant plongeant dans l'obscurité, attend un camion militaire bâché. Deux hommes s'affairent à l'arrière: Bill Murray et John Goodman, casqués, en uniforme et pistolet au ceinturon. Ils surveillent le chargement de caisses en bois censées contenir les tableaux retrouvés. Le véhicule une fois chargé, ils montent à bord. «Coupez!», lance Clooney avant de s'approcher des acteurs. «Il m'arrive encore de faire des bourdes en tant que réalisateur, confesse-t-il un peu plus tard. J'ai souvent tendance à leur donner des indications de jeu en me mettant à leur place.»
Après trois prises, il est temps de filmer la scène sous un autre angle. Clooney tourne vite. Il n'aime pas perdre de temps. Précis, efficace et concentré, mais aussi très décontracté. Il blague souvent, épate son entourage par une bonne humeur contagieuse. «Diriger un film, c'est un peu comme être à la tête d'une armée, résume-t-il. Il faut savoir s'adapter, réagir instantanément, faire face à un tas de problèmes. C'est une constante course contre la montre à cause de la logistique, car nous avons beaucoup de décors différents, de figurants, et une météo capricieuse…» Il lève les yeux au ciel: «Comme vous pouvez le constater!» Une pluie persistante contraint l'équipe à remballer le matériel. Les acteurs peuvent se changer.
Début mai, il restait encore trente-deux jours de tournage. Ensuite, George Clooney s'est attelé au montage dans sa Villa Oleandra du lac de Côme. «Idéalement, dit-il, j'aimerais que le film, outre son caractère divertissant, sensibilise le public à l'importance de préserver notre patrimoine culturel, quelle que soit son origine… L'Amérique a commis pas mal d'erreurs dans ce domaine. Souvenez-vous de la bataille de Bagdad où l'on avait laissé détruire les musées sans intervenir. On nous en a bien fait payer les conséquences.» Message reçu.
La sortie de The Monuments Men en France est prévue le 5 février 2014.
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