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Pour tout l'art du monde

 
Statue du Pende oriental (R.D. Congo, bois et pigments), qui inspira en 1936 une peinture sur toile au Flamand Armand Vanderlick (Galerie Olivier Larroque).

Statue du Pende oriental (R.D. Congo, bois et pigments), qui inspira en 1936 une peinture sur toile au Flamand Armand Vanderlick (Galerie Olivier Larroque). Crédits photo : SYLVIA BATAILLE/GALERIE OLIVIER LAROQUE

Du 10 au 15 septembre, Paris accueille la 12e édition du Salon international des arts premiers, « Parcours des mondes ». L'occasion d'admirer - et d'acheter - des pièces exceptionnelles en provenance de tous les continents.

 

En matière d'art tribal, nous sommes les meilleurs», s'enthousiasme Pierre Moos, directeur du «Parcours des mondes». Certes, ce Salon international des arts premiers, qui se déploie depuis douze ans dans le quartier des Beaux-Arts à Paris, a pris une belle ampleur. Parmi les 60 spécialistes d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Océanie, à s'installer dans des galeries germanopratines durant six jours, la moitié vient de l'étranger. Osons le dire, dans ce domaine, Paris est le centre du monde! L'ouverture du musée du Quai Branly et l'effervescence des ventes aux enchères y ont magnifiquement contribué. Si les organisateurs du «Parcours des mondes» se vantaient d'attirer les dix plus grands marchands de la planète, cette année ils disent vrai. Donald Ellis, défenseur de l'art des Indiens d'Amérique de Nord, rejoint, enfin, la manifestation. Jusque-là, ce New-Yorkais se contentait d'y faire ses emplettes (n'a-t-il pas déniché, dans l'arrière-boutique d'un confrère parisien, le plus splendide masque yup'ik de sa carrière?), mais il n'exposait pas, participant plus volontiers aux grandes foires d'arts plastiques. Son revirement est un signe. «J'ai toujours été impressionné par le public du Parcours, tant pour la quantité que la qualité, explique-t-il. Bien que tous les visiteurs ne soient pas des acheteurs potentiels, loin s'en faut, ils sont cultivés, posent des questions intelligentes et, croyez-moi, ce n'est pas toujours le cas!»

Aujourd'hui, on y croise des têtes qu'on ne voyait pas auparavant: des clients fortunés, qui associent à leurs tableaux modernes et contemporains reliquaires du Gabon ou statuettes de l'île de Pâques. Un mélange esthétique cher aux Occidentaux dans les années 1930. On y revient. Pour faire la conquête de ces nouveaux amateurs, en septembre, c'est à Paris qu'il faut être. L'an dernier, on a même remarqué deux Chinois à l'affût… Huit rues de Saint-Germain-des-Prés verront donc affluer quelque 20 000 ou 30 000 curieux. Badauds et initiés. Collectionneurs débutants ou chevronnés qui trouvent là d'innombrables fétiches, armes, masques, bijoux, objets rituels, objets usuels à tous les prix (de 1 000 euros à… l'infini). De toutes les tailles.

Le plus minuscule? Cette figurine eskimo d'Alaska, en ivoire de morse fossilisé, haute de 9,2 centimètres: l'effigie d'un chaman sur laquelle veille amoureusement Anthony J.-P. Meyer, antiquaire corpulent à la moustache d'Hercule Poirot. Le plus monumental? Un monolithe ekoï du Nigeria, qu'apporte le Belge Didier Claes, mystérieux bloc de pierre d'1,60 mètre dans lequel un sculpteur a modelé, au Xe-XIe siècle, un visage… et un nombril. Les marchands réservant volontiers les meilleures trouvailles pour cette grand-messe automnale, des chefs- d'œuvre sont annoncés.

De l'art contemporain au pays de l'art tribal

Ainsi, un bouclier mengen de Nouvelle-Bretagne (Océanie), en bois, rotin, pigments naturels et plumes, d'autant plus émouvant qu'il est accompagné du récit pittoresque de l'explorateur, membre d'une expédition allemande vers le cap Bechey en 1909, qui le collecta. On s'arrêtera, également, à la galerie Schoffel-Valluet pour découvrir une statue Bulul des Philippines, gardien du riz que la patine sacrificielle permet de situer vers le XVIIIe siècle ; les yeux et les dents, formés de coquillages ou bouts d'os, en disent long sur sa valeur à l'époque. D'autres professionnels mettent sur pied des expositions thématiques. Lesquelles exigent l'effort de conserver un certain temps les pièces qui puissent illustrer leur sujet. Ainsi, dans son «Salon de beauté», Maine Durieu célèbre les bijoux et autres ornements du corps à travers divers continents. L'ensemble d'appuie-tête de Nouvelle-Guinée qu'a glané l'Espagnol Antonio Casanovas, l'une des figures de proue du marché, ne passe pas inaperçu. Quant à la galerie Vallois, elle réunit cinq sculpteurs béninois actuels. De l'art contemporain au pays de l'art tribal, voilà qui est inattendu! «Cependant, il y a une filiation,se défend Pierre Moos: je ressens la même âme, la même sensibilité entre l'artiste africain d'aujourd'hui et ses ancêtres.» Autre évolution, la présence croissante des arts océaniens. Les pièces d'Afrique exceptionnelles devenues inaccessibles, l'intérêt des collectionneurs se déplace. «La production de Mélanésie ou de Polynésie,souligne encore Pierre Moos,est séduisante par sa diversité, par sa polychromie. Comme les marchands qui explorent ces terrains sont peu nombreux, les objets s'avèrent rares.» Et qui dit rare, dit désirable…

Du 10 au 15 septembre, www.parcours-des-mondes.com

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Laurence Mouillefarine

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