Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz

Le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz est un exemple exceptionnel de conception paysagère et d'urbanisme du XVIIIe siècle, le Siècle des Lumières. Ses divers composants – édifices remarquables, parcs paysagers, jardins à l'anglaise et pans de terres agricoles subtilement modifiés – remplissent de manière exemplaire des fonctions esthétiques, éducatives et économiques.

© UNESCO
 

Justification d'inscription

Critère ii Le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz est un exemple exceptionnel de l’application des principes philosophiques du siècle des Lumières à la conception d’un paysage intégrant harmonieusement art, éducation et économie. Critère iv Le XVIIIe siècle fut une époque déterminante pour la conception paysagère, et le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz en est une illustration exceptionnelle et majeure.

 

Description longue

 

Le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz est un exemple exceptionnel d'application des principes philosophiques de l'âge des Lumières au dessin d'un paysage qui remplit de manière exemplaire, comme un tout harmonieux, des fonctions esthétiques, éducatives et économiques.

Les premiers essais de dessin paysager commencèrent avec la fondation d'Oranienbaum, avec son plan unifié de ville, de palais et de parc, à partir de 1683. L'ensemble entièrement baroque qui en résulta, étroitement lié aux Pays-Bas d'où provenait son architecte, Cornelis Ryckwaert, a survécu jusqu'à nos jours. Vers 1700, on procéda à d'autres aménagements dans le même esprit, avec l'assèchement de zones marécageuses le long de l'Elbe et la création de villages et de fermes implantés selon un plan concerté. Le règne du prince Léopold III Frédéric-François d'Anhalt-Dessau (1740-1817) vit naître, vers 1765, un vaste projet de dessin paysager concernant toute la principauté. Cet ambitieux programme fut lancé en étroite collaboration avec l'architecte et théoricien de l'art Friedrich Wilhelm von Erdmannsdorff (1736-1800). Le dessin paysager, l'éducation publique et l'encouragement des arts étaient étroitement liés au sein de ce projet. Wörlitz devint ainsi le point de départ d'importants progrès sur une vaste échelle, fondés sur les jardins paysagers anglais et sur l'architecture néoclassique.

Ce schéma unifié de constructions, de jardins et d'œuvres d'art, répondant à un souci didactique profond, devint ainsi l'expression même des Lumières. Le Schloss Wörlitz, construit en 1769-1773, fut le premier édifice néoclassique d'Allemagne, et la maison gothique (1774) lança la mode des édifices d'inspiration gothique dans toute l'Europe. Un grand nombre de projets conçus dans la principauté remontent à cette période. L'un des plus novateurs était le jardin chinois d'Oranienbaum (1790), dont le dessin est inspiré des théories de l'architecte anglais sir William Chambers.

Les routes et les digues, qui étaient essentielles pour le développement des infrastructures furent plantées de files d'arbres fruitiers qui leur conféraient un aspect ornemental. À la mort du prince François, en 1817, toute la principauté était devenue, pour ainsi dire, un seul jardin. En dépit de l'industrialisation de Dessau, qui provoqua l'expansion de la ville à partir de 1900, les traits essentiels du paysage ont été préservés.

Le royaume des jardins se situe dans le paysage de prairies de l'Elbe et de la Mulde, dont les plaines d'alluvions atteignent parfois les parcs. Le cœur de cet ensemble est formé par ses jardins historiques, avec leurs édifices et leurs sculptures. En plus des jardins historiques, des édifices néoclassiques et néogothiques, comme des tours de guet, des digues, des auberges, des statues et des ponts ont été installés un peu partout, et contribuent à structurer le paysage. Les zones agricoles, comme les champs, les prairies et les vergers, ont été embellies par des arbres ornementaux, de manière à relever encore la valeur esthétique du paysage.

Le groupe occidental est formé par le Kühnauer Park, le Georgium et le Beckerbruch. Le Kühnauer Park, sur la rive sud de la Kühnauersee, est un jardin étroit et allongé, dessiné en 1805, qui offre des vues sur le lac et sur ses îles. Ses vergers et ses vignobles ont fait l'objet d'une restauration partielle. Le principal point de vue de ce jardin est la maison du vigneron, un édifice classique à l'italienne, construit en 1818-1820. Le jardin renferme aussi un édifice néoclassique, le Schloss Kühnau (vers 1780), et une église romano-byzantine (1828-1830). Le Georgium du Georgengarten est une petite maison de campagne de style néoclassique, entourée par un jardin de 21,30 ha, aménagé dans le style anglais.

Le jardin contient un grand nombre de constructions et de monuments, y compris une « ruine romaine » et un temple en rotonde ouverte. La zone adjacente de Beckenbruch est demeurée relativement intacte, avec son paysage de marais et de prairies, où ne se trouvent que quelques statues et de petites constructions ; elle a été dessinée de manière à se détacher graduellement du Georgengarten. Le groupe central est composé du Luisium, du Sieglitzer Berg, du Tiergarten (en partie), et des villages de Mildensee et de Waldersee ; la zone humide au nord-est de Dessau est une part de cet ensemble. Les prairies qui se trouvent dans l'anse de la Mulde faisaient à l'origine partie du système de digues entourant Dessau, dessinées comme un décor de jardin ; c'est aujourd'hui le Schillerpark.

 

Source : UNESCO/CLT/WHC

Description historique

La région située entre Dessau et Wörlitz a été peuplée depuis la préhistoire. Dessau devient plus tard l'un des premiers centres de la réforme luthérienne. En 1658, un mariage dynastique instaure des liens culturels et commerciaux étroits entre Anhalt-Dessau et les Pays-Bas, et des ingénieurs néerlandais construisent des digues le long de l'Elbe pour réduire les inondations périodiques. La culture du tabac et la fabrication de verre s'établissent dans la région.

Les premières tentatives de conception paysagère voient le jour avec la fondation d'Oranienbaum, à partir de 1683, avec sa ville au plan unifié, son palais et son parc. L'ensemble baroque complet qui en résulte, d'influence visiblement néerlandaise de par son concepteur, Cornelis Ryckwaert, subsiste à ce jour. D'autres développements similaires ont lieu aux alentours de 1700 ; des zones marécageuses le long de l'Elbe sont asséchées, des villages et des exploitations agricoles planifiés et bâtis.

Sous le règne du prince Léopold III Friedrich Franz d'Anhalt-Dessau (1740-1817), un vaste projet de conception paysagère commence, aux alentours de 1765, pour s'étendre à toute la principauté. Le souverain se rend en plusieurs occasions en Angleterre, aux Pays-Bas et en Italie, et lance son ambitieux programme en étroite collaboration avec l'architecte et théoricien de l'art Friedrich Willhelm von Erdmannsdorff (1736-1800). Son projet intègre le paysagisme, l'éducation du public et l'encouragement des arts.

Wörlitz devient le point de départ d'importantes améliorations, basées sur les jardins paysagers anglais et l'architecture néo-classique. À partir de 1764 et pendant quarante ans, 112,5 hectares de jardins paysagers, les premiers d'Europe continentale, sont créés. Ils rassemblent édifices, jardins et oeuvres d'art, avec un thème didactique omniprésent (influencé par Jean-Jacques Rousseau et Johann Bernhard Basedow) et des pratiques de travail modèles. Il devient l'expression même du siècle des Lumières.

Schloss Wörlitz, construit en 1769-1773, est dès le départ ouvert au public. C'est le premier édifice néo-classique d'Allemagne, deux générations avant Karl Friedrich Schinkel. Quant à la maison gothique (1774), elle lance la vogue du renouveau gothique aux quatre coins de l'Europe. L'influence des bâtiments de Wörlitz se fait sentir dans l'architecture et le paysage de Weimar, de Berlin, de Postdam, de Braunschweig et de Gotha, pour ne citer qu'eux.

Plusieurs autres projets paysagers, dans la principauté, datent de la même époque. Parmi les plus novateurs, citons le jardin chinois d'Oranienbaum (1790), qui repose sur les théories de l'architecte anglais Sir William Chambers. Un dense réseau de chemins panoramiques et d'avenues relie peu à peu les divers jardins et leurs édifices. Parallèlement, l'usage agricole de la campagne est intégré aux jardins, faisant ainsi des aspects esthétiques, éducatifs et économiques de l'ensemble du paysage un tout cohérent. Le long des routes et des digues, essentielles au développement des infrastructures, sont plantés des arbres fruitiers, qui leur donnent un aspect ornemental.

Au moment du décès du prince Franz, en 1817, la quasi totalité de la principauté n'est plus qu'un seul et même jardin. Ses successeurs préservent cette qualité intacte pendant tout le XIXe siècle. Dans la seconde moitié du siècle, le système routier local est rénové, mais aucune nouvelle route ne traversa le royaume des jardins ; par ailleurs, les bordures caractéristiques d'arbres fruitiers sont conservées au moment de l'élargissement des voies. En dépit de l'industrialisation et de l'expansion de Dessau qui s'ensuit à partir de 1900, les traits caractéristiques du paysage ont été préservés. On déplore cependant la construction de l'Autobahn, en 1937-1938, et du chemin de fer desservant la centrale à charbon de Vockerode, en 1937-1942, qui divise le royaume des jardins en quatre secteurs.

Dessau pâtit de la Seconde Guerre mondiale, mais le royaume des jardins s'en tire avec relativement peu de dégâts. Par la suite, le paysage agricole est endommagé par la suppression des limites entre les champs et la construction de grands bâtiments destinés au bétail. Cependant, la fermeture de la centrale et de la fabrique de verre des années 70 à Vockerode, en 1994-1995, entraîne une certaine stabilisation écologique, favorable au parc.

Source : évaluation des Organisations consultatives

Les commentaires sont fermés.