Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
«Avec ce message d'impunité, la délinquance va augmenter»
Jean-Claude Delage, le 6 février 2013, à Paris Crédits photo : Vincent Isore/IP3 PRESS/MAXPPP
INTERVIEW - Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat policier Alliance, dénonce une position idéologique du gouvernement concernant la réforme pénale.
Quel est votre sentiment sur les grandes lignes de la réforme pénale présentées vendredi par le gouvernement?
Je constate que c'est la position idéologique adoptée par Christiane Taubira et le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) qui a été privilégiée dans les arbitrages rendus au plus haut niveau de l'État. Les demandes répétées du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ont toutefois permis d'éviter une réforme pénale qui s'annonçait pire encore, avec notamment cette idée, abandonnée, des libérations automatiques. N'en demeure pas moins qu'elle risque fort de démotiver les forces de sécurité, qui vont avoir le sentiment de travailler pour rien. Sans compter qu'elle pourrait politiquement favoriser la montée des extrémismes dans notre pays, puisque la population va se sentir moins en sécurité.
Vous semblez particulièrement regretter l'instauration de la peine de «contrainte pénale»…
Les modalités de cette peine de probation, dont l'intitulé a été modifié, sont un inquiétant signal de laxisme envoyé aux délinquants. On nous dit que seuls ceux passibles de cinq ans de prison vont être concernés, mais de telles condamnations peuvent concerner des délits très graves, notamment le trafic de stupéfiants! De plus, la différence avec le sursis mise à l'épreuve (SME) n'est pas évidente, ce qui prouve bien que l'objectif consiste essentiellement à vider les prisons. Or, l'incarcération demeure pour nous un symbole de fermeté essentiel. Là, on fait tout le contraire. Dans l'absolu, je ne suis pas opposé à la probation, mais il faut des effectifs… Ce n'est pas avec seulement 300 recrutements prévus au service pénitentiaire d'insertion et de probation qu'un suivi efficace pourra être assuré.
Déplorez-vous aussi la suppression des peines planchers?
Oui, car on remet sur le même plan les primo-délinquants et les récidivistes. Les peines planchers avaient au moins le mérite de mettre ces derniers hors d'état de nuire pendant un certain temps. Si on veut une police efficace, il faut également une justice efficace. Ce qui va se passer, avec ce message d'impunité, c'est que la délinquance va augmenter, il ne faut pas se leurrer. Et ce sont nous, les policiers, qui allons en être comptables sur le terrain.
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