Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les libraires, entre fatalisme et esprit de résistance
La crise du marché du livre affecte plus les grandes chaînes que les libraires indépendants
Fermeture de Virgin, mise en Bourse de la Fnac, restructuration de Chapitre, libraires indépendants qui mettent la clé sous la porte… Annus horribilis pour la librairie française? «Il ne faudrait pas que ces mauvaises nouvelles cachent la réalité du métier, tempère Matthieu de Montchalin, président du Syndicat de la librairie française (SLF) et libraire à Rouen. Le marché est en crise, mais ce sont surtout les grandes chaînes qui sont touchées. Il n'y a pas eu d'aggravation pour les librairies indépendantes.»
Après une année 2012 morose, en raison notamment du contexte électoral, qui n'est jamais porteur pour le marché du livre (- 3 % l'an dernier), les professionnels souffrent toujours des mêmes maux structurels: loyers élevés dans les centres-villes, charges de personnel en hausse et taux de retour pénalisant. Sachant que la rentabilité dans ce secteur est la plus faible du commerce de détail (inférieure à 0,5 %), il suffit que le chiffre d'affaires s'érode un peu pour que les fins de mois deviennent difficiles.
«Les relations avec les banquiers se sont durcies, admet Matthieu de Montchalin. Et la concurrence d'Amazon, qui vend à perte en offrant la gratuité de port, fait du tort au marché des 2500 indépendants.» Les libraires s'organisent localement pour mutualiser les coûts de création de plates-formes de téléchargement d'e-books. Mais ce n'est pas le poids encore très marginal des ventes de livres numériques qui pose encore problème.
«La concurrence d'Amazon, qui vend à perte en offrant la gratuité de port, fait du tort au marché des 2 500 indépendants»
D'autres clignotants sont préoccupants. Le gouvernement est en train de mobiliser 11 millions d'euros sous forme de prêts pour soutenir les libraires en mal de trésorerie ou les aider à transmettre leurs commerces, une somme à laquelle s'ajoute une aide de 7 millions des éditeurs. «Une perfusion qui n'enrayera pas le déclin d'une profession qui n'a plus les moyens de moderniser son offre», estime un libraire parisien. Des chaînes comme Leclerc, Cultura ou Le Furet du Nord ont multiplié les ouvertures de magasins, plus grands, plus modernes et très axés sur les loisirs créatifs, la jeunesse et la papeterie. Mais le marché semble arriver à saturation.
Certaines enseignes se sont lancées dans des stratégies radicalement opposées. Le Furet du Nord mise sur des ouvertures de magasins de plus de 1200 m2 dans des centres commerciaux (le dernier la semaine dernière à Carré-Sénart, en Seine-et-Marne), tandis que Chapitre (Actissia), contrôlé par le fonds d'investissement américain Najafi, s'oriente vers une réduction drastique de voilure. Présenté en avril, le plan initial de restructuration des 57 librairies prévoyant neuf fermetures et trois cessions a été suspendu, faute de financement. L'enseigne chercherait à céder plus de magasins. Les librairies de Toulouse ou de Grenoble, qui sont des institutions dans leurs villes, ne devraient pas avoir de problème pour trouver des repreneurs. Mais toutes n'auront pas cette chance.
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La crise du marché du livre affecte plus les grandes chaînes que les libraires indépendants.
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