Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le Panthéon, un édifice audacieux et fragile
L’église Sainte-Geneviève conçue par Soufflot cherchait la légèreté et la lumière. Sa transformation en Panthéon l’a assombrie mais en assurant sa solidité.
D’où vient que le Panthéon ait un abord aussi rébarbatif ? Cela tient pour beaucoup aux grands murs aveugles de ses bas-côtés qui en assombrissent la perception, de l’extérieur comme de l’intérieur. Mais l’auteur du bâtiment, Jacques-Germain Soufflot (1713-1780), n’y est pour rien. Lorsque, au milieu de XVIIIe siècle, il reçoit – en accomplissement d’un vœu de Louis XV – la commande d’une vaste église dédiée à sainte Geneviève, l’architecte cherche au contraire à faire naître un bâtiment lumineux.
Référence antique et technique gothique
L’un de ses collaborateurs dira en une belle formule que l’objectif du projet était de « réunir la légèreté de la construction des édifices gothiques avec la pureté et la magnificence de l’architecture grecque ».
La référence antique, on la perçoit tout de suite avec le recours à de nombreuses colonnes porteuses isolées, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’édifice. En revanche, la technique gothique, elle, est dissimulée au ras des toits : des arcs-boutants donnent à la nef un supplément d’élan.
Dans une démarche étonnamment éclectique, Soufflot a également pris inspiration dans la Renaissance pour la coupole – qui cite le Tempietto de Bramante à Rome – et utilisé une technique très audacieuse : un renforcement de la structure par des armatures métalliques prises dans la maçonnerie.
L’architecture de Soufflot mettait en valeur cette légèreté par de nombreuses fenêtres dans les murs latéraux, permettant à la lumière de venir jouer avec les fines colonnes. Hélas, ces baies n’ont pas survécu à la Révolution.
Un vaste chantier de restauration
À peine terminée, l’église Sainte-Geneviève est transformée en nécropole pour les grands hommes. Afin de baigner les lieux dans une pénombre solennelle, il est décidé en 1791 de murer toutes les fenêtres du pourtour. En observant bien les murs de l’extérieur, on peut voir aujourd’hui encore les traces de ces ouvertures.
Cependant, cette obturation a peut-être été aussi une chance pour le bâtiment en renforçant sa solidité. Celle-ci, durant le chantier, fut mise en doute par l’architecte Pierre Patte, lors de l’une des premières polémiques « structurelles » de l’histoire de l’architecture.
En 1796, des fissures furent constatées dans les piliers soutenant le dôme, haut de 82 mètres, qui conduisirent à de gros travaux de consolidation. Et cette œuvre de préservation se poursuit aujourd’hui avec un vaste chantier de restauration. Il conduit actuellement à la construction d’un spectaculaire échafaudage qui, pendant deux ans, va « habiller » la coupole. Une modification qui, pour être momentanée, n’en contribuera pas moins à réinstaller le Panthéon dans le regard des Parisiens.
Guillaume Goubert
À VISITER : « Soufflot, un architecte dans la lumière », une exposition présentée au Panthéon jusqu’au 24 novembre.